Qui représentera le Canada à la COP21 ?

Ce n’est que le 19 octobre, le jour des élections législatives, que l’on saura qui va représenter le gouvernement canadien à la Conférence de Paris sur la lutte contre le réchauffement climatique. La question est de taille car les trois partis politiques qui peuvent aspirer à former le prochain gouvernement n’ont pas présenté les mêmes objectifs pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
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CC Candice Dawn
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LES CONSERVATEURS DE STEPHEN HARPER

Le Premier ministre actuel, le conservateur Stephen Harper, a présenté à l’ONU l’objectif de réduire les gaz à effet de serre produits par le Canada de 30% par rapport à 2005. Une cible contestée par plusieurs ici parce qu’elle prend comme année de référence 2005, alors que les cibles présentées par les autres pays se basent sur l’année 1990. En prenant 1990 comme année de référence, la cible de réduction des Conservateurs est donc plutôt de 14%, soit l’une des moins ambitieuses présentées par un pays du G7 à l’ONU.

LES LIBÉRAUX DE JUSTIN TRUDEAU

Le principal adversaire de Stephen Harper s’appelle Justin Trudeau et il est le chef du Parti libéral du Canada (en avance actuellement de quelques points dans les sondages). Les Libéraux jouent de prudence dans ce dossier en ne chiffrant aucun objectif de réduction de gaz à effet de serre, mais ils tendent la main aux provinces canadiennes en leur promettant de les inviter dans la délégation canadienne qui sera à Paris fin novembre. Des provinces, dont plusieurs sont déjà très avancées dans leurs programmes de réductions (notamment le Québec et l’Ontario), qui ont émis la volonté de réduire de plus de 37% leurs émissions, tandis que la Colombie-Britannique taxe déjà le carbone. On attend d’un instant à l’autre le plan de match du gouvernement néo-démocrate nouvellement élu de l’Alberta, la province la plus grande émettrice de gaz à effet de serre puisque c’est sur son territoire qu’est exploité le pétrole issu des sables bitumineux.

LES NÉO-DÉMOCRATES DE THOMAS MULCAIR

Ce sont les Néo-Démocrates de Thomas Mulcair qui ont les cibles les plus ambitieuses de réduction : 80% d’ici 2050. Le NPD veut mettre en place une bourse du carbone au Canada et se dit prêt également à travailler en étroite collaboration avec les provinces canadiennes.

LA PRESSION EST FORTE

Quel que soit le parti qui va remporter les élections du 19 octobre et former le prochain gouvernement, la pression sera forte pour agir efficacement afin de réduire les gaz à effet de serre émis par le Canada. C’est ce que confirme Steven Guilbeault, directeur général d’Équiterre (organisme québécois voué à la défense de l’environnement), qui vient de comparer les programmes des partis politiques canadiens en matière d’environnement : « Pour avoir participé à énormément de conférences à l’ONU sur le climat, les gens attendent désespérément un changement d’attitude de la part du Canada. Ils ont très hâte que le Canada redevienne le pays qu’il a déjà été par le passé, par exemple au niveau des Casques bleus, des mines antipersonnelles, ou du protocole de Montréal pour la couche d’ozone qui a été signé ici en 1988 ».

Steven Guilbeault craint que si les Conservateurs sont réélus avec une majorité, rien ne bouge davantage au niveau de la lutte contre le réchauffement climatique au Canada : « J’ai bien peur que le passé soit garant de l’avenir, explique-t-il, c’est un gouvernement qui a démontré très peu d’intérêts en matière environnementale, qui lance des objectifs de réductions sans plan d’action, sans mesure concrète, sans programme de financement pour les mettre en œuvre. Pourtant, il va falloir faire plus. On demande aux pays d’en faire plus, et le Canada est certainement en tête de liste de ces États-là qui doivent faire mieux ».

Réponse : le 19 octobre….