Qui sont les “gens du voyage“ ?

Depuis plusieurs semaines, les expulsions de Roms se sont multipliées avec leur lot de drames sociaux. Après Lille, Lyon, cette semaine 80 personnes ont été délogées en Ile-de-France à Evry, dans l’ancien fief du ministre de l’intérieur français, Manuel Valls. Méconnus, les Roms sont souvent victimes de préjugés et confondus avec d’autres "gens du voyage". Éclairage.
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Qui sont les “gens du voyage“ ?
A Villeurbanne, expulsion de Roms le 9 août 2012 / Photo Philippe Desmazes AFP.
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Ils sont appelés Roms, Gitans, Manouches, Tsiganes ou Bohémiens. Tous regroupés sous la dénomination « gens du voyage » spécifique à l’administration française depuis les années 70. Pourtant, ce terme générique recouvre des différences d’origines et historiques. Parfois connotée ou stigmatisante, la terminologie a son importance. « Gens du voyage » regroupe diverses peuples tsiganes, des voyageurs qui doivent acquérir  le livret de circulation pour se déplacer légalement sur le territoire français. Avant de statuer pour ce terme, les institutions européennes ont hésité pendant quarante ans pour trouver la bonne formule avec : « Tziganes et autres nomades » (1969), « Populations d’origine nomade » (1981), « Tsiganes » (1993), « Roms (Tsiganes) » (1997), « Roms/Tsiganes » (2000), « Rom(s)/Tsiganes et Voyageurs »(2002), « Roms et Gens du voyage » (2004), répertorie le collectif Romeurope dans un guide qu’il publie sur son site.
Qui sont les “gens du voyage“ ?
Un campement Rom en île de France, le 23 août 2012 / Photo AFP Kenzo Tribouillardule
Rroms, Roms ou Tsiganes ? Historiquement, le terme « Tsigane » recouvre l’ensemble des populations venu de Grèce et d’Europe orientale ayant migré ensuite de l’Inde vers l’Occident à partir du XIVe siècle. Ils ont toujours « mené une existence nomade et exerçaient divers petits métiers », selon le le dictionnaire Le Petit Robert. Mais c’est le terme « Rrom » ou « Rom » qui va s’imposer à la place de « Tsigane » après 1971 lors 1er Congrès de l'Union romani international . Ce terme qui signifie « être humain » en hindi, est ensuite repris par l’Union européenne. La terminologie se complique car ce mot désigne aussi aujourd’hui le peuple Rrom, donc les Tsiganes, mais aussi une partie de ce peuple nommé également les Tsiganes orientaux. Les Rroms ont souvent été appelés « romanichels»  une variation de « Romani Cel », un mot tsigane qui signifie groupe d’hommes et qui est aujourd’hui devenue une dénomination péjorative. Contrairement aux idées reçues, ils ne sont pas tous nomades. Seulement 20% de l’ensemble des Rroms sur les 10 à 12 millions qui vivent en Europe sont itinérants, selon un rapport publié par l’Assemblée parlementaire européenne en juin 2012 et intitulé « La situation des Roms en Europe : circulation et migrations ». Le Centre européen des droits des Roms déclare que seulement 5% de Roms sont itinérants. Sédentaires pour une majorité d’entre eux, ils continuent cependant de voyager pour diverses raisons : trouver un nouveau moyen de subsistance ou un travail étant souvent victimes d’exclusion ou de discrimination, suivre les saisons agricoles pour les travaux saisonniers, … Les Rroms ne sont pas apatrides, ils peuvent acquérir la nationalité du pays dans lequel ils vivent. 
Qui sont les “gens du voyage“ ?
D’où viennent-ils ? Parmi les Rroms, les Roms ou Tsiganes orientaux viennent de Roumanie, de Bulgarie, de Hongrie, de Slovaquie, de Serbie ou encore du Kosovo. Les Gitans ou Kalès : terme qui vient de l’espagnol « gitan, gitana », « gypsie » en anglais ou tsigane,  viennent d’Espagne. Les Manouches ou Sintès : du tsigane « mnouch » qui signifie « homme », également utilisé  familièrement pour désigner un gitan nomade –selon Le Petit Robert- sont originaires de l’Est de la France, de l’Allemagne, de l’Autriche et du Nord de l’Italie. Enfin, le terme de « Bohémien », souvent entendu, n’a aucun lien avec les Tsiganes ou les Rroms mais désigne des tribus vagabondes qui avaient l’habitude de vivre dans des roulottes et que l’on disait originaire de Bohême.

Les Roms en Europe

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Roms et discrimination au travail

Le 22 août, une réunion ministérielle s'est tenue afin de prendre des mesures pour l'accès des Roms à des emplois auxquels ils ne pouvaient pas accéder. Désormais, les employeurs ne seront plus contraints de verser une taxe s'ils font travailler les Roumains et les Bulgares. Le gouvernement pourrait également totalement lever les mesures transitoires qui empêchent jusqu’à fin 2013, les Roumains et les Bulgares de travailler en France.
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