Des statues royales, des portes en bois, des trônes royaux.... Les 26 oeuvres rendues par la France sont de précieux témoignages du royaume du Dahomey qui a régné aux XVIIIème et XIXème siècles sur l'actuel sud du Bénin. Revue en détail des trésors royaux d'Abomey de retour au Bénin.
Nous sommes le 17 novembre 1892 dans la ville d'Abomey. Béhanzin, le roi de la capitale de l'ancien royaume du Dahomey, refuse de se soumettre aux troupes coloniales françaises. Il décide de mettre le feu à son palais royal avant de s'enfuir. Le roi sera capturé et mourra en exil.
Les soldats du colonel Alfred Dodds rentrent dans la ville et saccagent tout. Ils s'emparent de 26 objets royaux. Butin de guerre, le colonel ramène ses œuvres à Paris.
Alfred Amédée Dodds décide de donner cette collection de 26 pièces au musée d'Ethnographie du Trocadéro. Elle prend alors le nom de Trésor de Béhanzin, nom du roi refusant la main mise coloniale sur son royaume.
Les œuvres royales d'Abomey ont été exposées en France dès leur arrivée au musée d'Ethnographie du Trocadéro en 1893, puis en 1895. En 1937, à l'ouverture du musée de l'Homme, certaines sont exposées dans des vitrines. En 1989, pour la première fois depuis leur pillage, quelques-unes sont prêtées par le musée de l'Homme à Abomey pour une exposition. Elles sont ensuite transférées au Musée du Quai Branly avant la restitution au Bénin.
L'ensemble est unique. Parmi ces pièces figurent trois imposantes statues royales anthropo-zoomorphes, en très bon état de conservation.
Chacune des statues incarne un monarque, comme le puissant roi Ghézo en homme-oiseau ou le roi Béhanzin, mi-homme, mi-requin.
Dans la culture dahomè, la grande statuaire honorait "
essentiellement les ancêtres royaux et, dans une moindre mesure, des vaudous protecteurs de l'armée", rappellait le musée du Quai Branly dans son exposition.
Quatre portes en bois sculptées font aussi partie des œuvres bientôt restituées. Ces portes massives, sculptées en bois polychromes, furent trouvées au sol par les troupes françaises lors de la prise d'Abomey en 1892, rapporte le Quai Branly.
Les différents panneaux conservés furent sculptés sous le règne du roi Glèlè, dixième roi d'Abomey par l'artiste Sossa Dede.
Ils marquaient très probablement l'entrée du bâtiment de réception et salle de conseil du souverain.
Le trône du monarque, un haut siège rectangulaire constitué de plusieurs panneaux en bois et dont la partie supérieure est incurvée, a également été retrouvé. L'objet est orné de motifs d'inspiration ashanti (culture de l'actuel Ghana) et afro-brésilienne.
Un autre trône majestueusement sculpté, appartenant au roi Ghézo, et divers objets témoignant de la vie du royaume, sont également exposés.
Un sac, une tunique, des autels portatifs ou encore des bâtons de danse témoignent de l'âge d'or du royaume du Dahomey.
Ce royaume est resté célèbre pour son système administratif élaboré, son rôle dans la traite des esclaves mais aussi pour son armée mixte, avec des femmes-soldats surnommées "Amazones" par les Européens.