Fil d'Ariane
Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, à la onzième session spéciale d'urgence de l'Assemblée générale, mercredi 22 février. AP/ Mary Altaffer.
Les dirigeants et représentants de 33 pays d'Afrique, 12 pays d'Asie-Pacifique et d'Haïti se réunissent à Doha du 5 au 9 mars 2023, pour la cinquième conférence des Pays les moins avancés (PMA).
Ces réunions ont lieu tous les dix ans, cinq décennies après la création par l'ONU de la catégorie des PMA. L'objectif est d'apporter un soutien international particulier pour les membres les plus vulnérables et les plus défavorisés des Nations Unies. La première conférence s'était tenue à Paris, en 1981.Tomorrow, #LDC5 will initiate the beginning of change.
— UN-OHRLLS (@UNOHRLLS) March 3, 2023
From educational panels to inspirational break-out sessions, we’ll explore how we can progress the #LDCs together.
Follow along to learn more about the conference.https://t.co/C9po1BEm65 pic.twitter.com/IXR9iYUKZZ
L'Afghanistan et la Birmanie ne sont pas présents cette année, leurs gouvernements n'étant pas reconnus par les membres de l'ONU.
Depuis 1971, le nombre des PMA - 24 au départ - a presque doublé, pour atteindre 46. Grâce à leur désignation parmi les pays plus défavorisés, ils bénéficient de "privilèges" commerciaux et d'un accès plus facile aux aides et autres financements.
Le minuscule Bhoutan devrait sortir cette année de la catégorie des PMA. Le Bangladesh, le Laos, le Népal, l'Angola, Sao Tomé-et-Principe et les îles Salomon devraient suivre d'ici 2026. La liste est révisée tous les trois ans.
1,3 milliard de personnes, soit 14% de la population mondiale, vivent dans les 46 PMA. Selon l'ONU, plus de 75% de ces personnes vivent encore dans la pauvreté. Tous les PMA ont un revenu national brut par habitant (RNB) inférieur à 1.018 dollars.
- Afrique : Angola, Bénin, Burkina Faso, Burundi, République centrafricaine, Tchad, Comores, République démocratique du Congo, Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Lesotho, Libéria, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Niger, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Sierra Leone, Somalie, Soudan du Sud, Soudan, Tanzanie, Togo, Ouganda, Zambie
- Asie : Afghanistan, Bangladesh, Bhoutan, Cambodge, République démocratique populaire lao, Myanmar, Népal, Timor-Leste, Yémen
- Amérique : Haïti
- Océanie : Kiribati, Îles Salomon et Tuvalu
The world’s Least Developed Countries are trapped in vicious cycles which make development difficult.
— António Guterres (@antonioguterres) March 4, 2023
We cannot allow countries to fall back down the development ladder after working so hard to climb it.
Le monde s'est fixé, en 2015, 17 objectifs de développement durable (ODD) pour parvenir en 2030 à l'élimination de la pauvreté, à la sécurité alimentaire pour tous ou encore à l'accès à une énergie propre et abordable.
Et "il ne peut y avoir de reprise durable, pas de victoire à célébrer de cet Agenda 2030, si ceux qui sont le plus en retard sont oubliés, et ce sont les PMA", insiste Rabab Fatima la haute représentante de l'ONU pour les pays les moins avancés, lors d'une entretien à l'AFP quelques jours avant le sommet.
Si elle espère que les pays donateurs traditionnels viendront à Doha avec des "engagements concrets", elle met aussi en avant l'intérêt des pays les plus pauvres à ne plus dépendre autant de l'aide publique au développement.
La situation des PMA s'est encore aggravée avec l'invasion russe en Ukraine en février 2022, opposant deux producteurs alimentaires essentiels pour la planète et perturbant les circuits de distribution internationaux.
"Les multiples crises qui sévissent aujourd'hui sont particulièrement graves dans les PMA", a affirmé Agnes Chimbiri-Molande, ambassadrice du Malawi auprès des Nations unies et porte-parole des PMA à l'ONU.
Le président du Malawi Lazarus Chakwera, qui préside le sommet, a lui aussi dénoncé "les promesses non tenues" de la communauté internationale. L'aide "n'est pas une faveur ou un acte de charité" mais une "responsabilité morale".
Notre système financier mondial a été conçu par les pays riches, largement à leur profit
Antonio Gutteres, secrétaire général des Nations Unies
Selon la Banque mondiale, le salaire moyen en Afghanistan par exemple est estimé à quelques centaines de dollars par an, contre 65 000 dollars aux Etats-Unis. À peine la moitié des plus pauvres ont l'électricité et seulement une personne sur cinq peut se connecter à l'internet, selon l'ONU.
My opening remarks at the @UN #LDC5 conference in #Doha were a call for poor nations to pursue responsive and responsible development. Malawi will stay on course in implementing the Doha Programme of Action between now and 2031.#LeastDevelopedCountries#BuildinganewMalawi pic.twitter.com/GlJplgOhuO
— Dr. Lazarus Chakwera (@LAZARUSCHAKWERA) March 4, 2023
Antonio Guterres a demandé aux pays développés une aide de quelque 500 milliards de dollars par an pour les pays les plus pauvres de la planète. Ils sont "coincés dans des cercles vicieux" qui empêchent la réforme de leurs économies et la remise à flot de leurs systèmes d'éducation et de santé.
"Le développement économique est difficile quand les pays manquent de ressources, croulent sous la dette et se battent toujours avec l'injustice historique d'une réponse inégale au Covid-19", a déclaré le secrétaire général des Nations unies. Les pays les plus pauvres ont à multiples reprises dénoncé une distribution injuste des vaccins, concentrés en Europe et en Amérique du Nord.
Il a ajouté : "combattre une catastrophe climatique que vous n'avez en rien provoquée est un défi quand le coût du capital explose", l'aide financière reçue étant "une goutte d'eau dans l'océan".
"Notre système financier mondial a été conçu par les pays riches, largement à leur profit", a-t-il martelé. "Privés de liquidités, beaucoup d'entre vous sont écartés des marchés de capitaux par des taux d'intérêt de prédateurs".