Rachat de Bombardier : Alstom dans l'attente de l'accord de la Commission européenne

Le Français Alstom a signé lundi 17 février un protocole d’accord pour le rachat de Bombardier Transport, la branche ferroviaire du groupe canadien Bombardier. Une transaction comprise entre 5,8 et 6,2 milliards d’euros, qui pourrait propulser l’entreprise tricolore au deuxième rang du marché ferroviaire international. Bruxelles doit encore donner son accord.
Image
PHOTO BOMBARDIER
Siège de l'administration du groupe Bombardier en Allemagne.
©Paul Zinken/dpa via AP
Partager4 minutes de lecture
C’est « une très belle opération » pour le PDG d’Alstom, Henri Poupart-Lafarge.
Avec un chiffre d’affaires cumulé de plus de 15 milliards de dollars américains et un carnet de commandes qui dépasserait les 75 milliards, le mariage Alstom-Bombardier devrait placer le groupe au deuxième rang mondial du marché ferroviaire, se rapprochant ainsi du géant chinois CRRC, dont les ventes ont dépassé les 28 milliards d’euros en 2018.


Une bonne affaire également pour le groupe Bombardier, basé en Allemagne. En difficultés financières, il espère, avec ce rachat, réduire sa dette qui s'élevait à 9,3 milliards de dollars américains en 2019. Le 13 février déjà, le fleuron industriel canadien avait annoncé son retrait de l’aviation commerciale, avec la cession à Airbus et au gouvernement québécois de ses parts restantes dans le programme de l’A220 (ex cSeries). Pour sortir la tête de l’eau,  Bombardier n’avait alors pas exclu la possible vente de sa branche ferroviaire. C’est désormais chose (presque) faite.

=> A lire aussi :Bombardier tourne la page de l'aviation commerciale pour rester en vie


« Renforcer notre présence à l’international »

Les deux groupes jouissent déjà d’une puissante collaboration, notamment  sur les métros et RER parisiens. Ils disposent aujourd’hui de la quasi-totalité du matériel roulant en France. « Cette acquisition renforcera notre présence internationale ainsi que notre capacité à répondre à la demande toujours plus importante de solutions de mobilité durables », a affirmé M.Poupart-Lafarge, PDG d’Alstom, qui voit plus loin que le marché européen.
 
INFOGRAPHIE BOMBARDIER
©TV5MONDE

 

Alstom attend l’accord de Bruxelles

Si le groupe français a, certes, d’ores et déjà confirmé un protocole d’accord avec Bombardier et la Caisse de dépot et placement du Québec (CDPQ), le plus dur reste à venir. Rien ne se fera sans l’accord de Bruxelles.

En effet, Alstom a encore en mémoire l’échec cuisant de sa tentative de fusion avec l’Allemand Siemens. Elle avait été refusée en février 2019, par la Commission européenne, qui craignait une position trop dominante du groupe en Europe. Une décision qui avait indigné Paris et Berlin, éloignant leurs chances de faire face à la concurrence internationale et de s’imposer  face au marché chinois.
Cette fois, les choses semblent différentes.

Pour éviter un nouvel échec, Bruno Le Maire a rencontré, mardi 18 février, Margrethe Vestager, la commissaire européenne à la Concurrence à l’origine du veto Alstom-Siemens. Le ministre français des Finances a réaffirmé la volonté de la France de « renforcer l’industrie ferroviaire européenne » et espère une réforme de la politique de concurrence pour faciliter la formation de leaders européens.
 

 

Le PDG d’Alstom se dit quant à lui « confiant »,  dans « la réalisation de l’opération ». Elle « est attendue pour le 1er semestre 2021 », a-t’il ajouté.
 

L'histoire de Bombardier en six dates :

1942 : Création de l’entreprise par Joseph Armand Bombardier, sous le nom de « L’Auto-Neige Bombardier Limitée ».

1998 : Son gendre, Laurent Beaudoin lance l’aventure Cseries (l'A220), un marché occupé par Boeing et Airbus. Un accord qui aboutira en 2008, après deux arrêts du programme.

2013 : Le premier appareil entièrement conçu au Québec prend son envol. Un rêve devenu réalité qui devient très vite un poids financier pour l’entreprise. Sa dette s’élève aujourd’hui a plus de 9 milliards de dollars américains.

2015 : Bombardier obtient l’aide financière du Québec qui injecte 1 milliard de dollars américains dans la Cseries contre 49% des actions.

2017 : Malgré un bon carnet de commandes, Swissair, Baltic ou encore AirCanada, la Cseries passe sous le contrôle majoritaire d’Airbus.

2020 : Bombardier se retire définitivement du programme Cseries et espère vendre sa branche ferroviaire à Alstom.  
Le groupe souhaite se recentrer sur l’aviation d’affaire pour assurer sa survie. Une branche qui emploie aujourd’hui 18 000 personnes dans le monde et enregistre un chiffre d’affaires d’environ 7 milliards de dollars américains.