Radovan Karadzic condamné à 40 ans de prison pour génocide

L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, a été condamné jeudi 24 mars, par un tribunal international à 40 ans de détention pour génocide et crimes contre l'humanité pendant la guerre de Bosnie.
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Radovan Karadzic
L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic condamné jeudi 24 mars par le tribunal international à 40 ans détention pour génocide et crimes contre l'humanité pendant la guerre de Bosnie.  
©Robin van Lonkhuijsen, Pool via AP
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Radovan Karadzic a été reconnu coupable de génocide pour le massacre de près de 8 000 hommes et garçons musulmans à Srebrenica en juillet 1995. Le pire massacre à avoir été commis en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
 
"Radovan Karadzic, la cour vous condamne à 40 années de détention", a affirmé le juge du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), O-Gon Kwon, affirmant que l'accusé était le fer de lance des structures militaires, politiques et gouvernementales des Serbes de Bosnie.
 
Les juges ont néanmoins décidé qu'ils n'avaient pas de preuves suffisantes pour affirmer, hors de tout doute raisonnable, qu'un génocide avait été commis dans sept autres municipalités de Bosnie.  M. Karadzic a donc été acquitté du premier des deux chefs d'accusation pour génocide.
 

Le plus haut responsable jugé 

Ancien psychiatre, Radovan Karadzic, était "en première ligne pour développer et mettre en place l'idéologie" des Serbes de Bosnie, pendant une guerre qui a fait plus de 100 000 morts et 2,2 millions de déplacés entre 1992 et 1995.
 
M. Karadzic, 70 ans, habillé jeudi d'un costume foncé et d'une cravate rayée bleu clair, a écouté la lecture du jugement de manière attentive.
 
De nombreuses victimes, dont des anciens détenus des camps et des mères de Srebrenica, ont fait le déplacement, ainsi que des diplomates et journalistes venus du monde entier. 
 
La police était présente en nombre, un officier assurant à l'AFP être "extrêmement vigilant" deux jours après les attentats de Bruxelles.
 
Radovan Karadzic est le plus haut responsable à être jugé par le tribunal pour des crimes commis pendant cette guerre, après la mort en 2006 de l'ancien président serbe Slobodan Milosevic au cours de son procès.
 
L'ancienne porte-parole du procureur, la Française Florence Hartmann, a été arrêtée jeudi 24 mars par des gardes du tribunal, ont constaté des journalistes de l'AFP: elle avait été condamnée pour outrage en 2009 et 2011 pour avoir mentionné dans un livre deux décisions confidentielles rendues par la cour d'appel du TPIY dans le cadre du procès de Slobodan Milosevic.
 

"Nettoyage ethnique" à Srebrenica

Reconnaissable à sa mèche indomptable, Radovan Karadzic était le président de l'entité des Serbes de Bosnie, la Republika Srpska. 
Il voulait, selon les juges, diviser la Bosnie et "chasser à jamais les Musulmans et Croates des territoires revendiqués par les Serbes de Bosnie".
 
Mercredi 23 mars, celui qui s'était défendu seul, a pourtant affirmé à BIRN, un réseau d'information dans les Balkans, avoir livré "un combat permanent pour préserver la paix, prévenir la guerre et réduire la souffrance de tous les gens, indépendamment de leur religion". 
 
Selon les juges, le massacre de Srebrenica s'inscrivait dans le cadre du "nettoyage ethnique" planifié par Radovan Karadzic avec le général Ratko Mladic et Slobodan Milosevic à l'issue du démantèlement de la Yougoslavie.
 
Il a par ailleurs été reconnu coupable de persécutions, meurtres, viols, traitements inhumains ou transferts forcés, notamment pour le siège de Sarajevo, qui dura 44 mois et tua 10 000 personnes, et pour des camps de détention aux "conditions de vie inhumaines".
 

Un "héros" de la guerre en Bosnie

Autrefois fugitif le plus recherché du continent, Radovan Karadzic avait échappé à la justice internationale pendant près de 13 ans, se cachant sous l'identité d'un spécialiste de médecine alternative, arborant une barbe blanche nourrie.

Arrêté en 2008, son procès s'ouvre en 2009 et se termine en 2014, après 497 jours d'audiences et 586 témoins. L'accusation avait requis la prison à vie à l'encontre de M. Karadzic, qui reste pour beaucoup de Serbes un "héros" de la guerre en Bosnie.