Le blogueur et militant des droits humains Raif Badawi est libre depuis le 11 mars, mais il ne pourra pas rejoindre sa femme et ses enfants qui l'attendent au Canada depuis dix ans. L'Arabie saoudite lui a interdit de quitter le territoire pendant 10 ans.
Ensaf Haidar, sa femme, avait annoncé le 11 mars la libération de Raif Badawi emprisonnée depuis dix ans, une nouvelle qui a été confirmée par un responsable de la sécurité saoudienne.
"La libération de Raif Badawi après dix ans de prison a été suivie d'une interdiction de quitter le territoire de même durée que sa détention. Le tribunal a rendu sa décision et elle est définitive", selon une source au sein du ministère saoudien de l'Intérieur citée par l'AFP.
"Il ne peut donc pas quitter le territoire pendant les dix prochaines années à moins qu'une grâce (royale) lui soit accordée", a ajouté cette source.
L'ancien lauréat du prix Reporters sans frontières pour la liberté de la presse, âgé de 38 ans, a été arrêté en 2012 puis condamné fin 2014 à dix ans de prison et à 50 coups de fouet par semaine pendant vingt semaines pour avoir plaidé notamment pour la fin de l'influence de la religion sur la vie publique.
La première séance de flagellation sur une place publique en Arabie saoudite en 2015 avait choqué le monde pour son caractère
"médiéval", selon l'expression d'une ministre suédoise à l'époque. Il n'a plus été fouetté par la suite.
Ensaf Haidar, sa femme, avait annoncé le 11 mars que son mari était
"libre" mais elle n'avait pas de détails sur sa libération.
(RE)voir : Arabie Saoudite : le blogeur Raif Bedawi libre
Après la libération de Saif Badawi, Amnesty indique dans un mail envoyé à l'AFP
"s'employer activement à ce que toutes les conditions" liées à sa remise en liberté soient "levées", notamment cette interdiction de quitter le territoire saoudien pendant 10 ans.
Le Québec, où vivent la femme et les trois enfants de Saif Badawi, a ouvert la voie à l'exil du blogueur au Canada en le plaçant sur une liste prioritaire d'immigrants potentiels pour raisons humanitaires.
Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau s'est dit vendredi sur Twitter
"soulagé" de sa libération.
Plus tôt, le Premier ministre du Québec, François Legault, avait tweeté:
"enfin ! Je ne cesse de penser aux enfants qui vont enfin retrouver leur père !".
La répression brutale des voix dissidentes et l'emprisonnement des militants en Arabie saoudite sont à ce jour dénoncées par des ONG internationales et l'ONU, même si le royaume cherche à améliorer son image internationale en entreprenant certaines réformes.
La sœur de Raif Badawi, Samar Badawi, ainsi que la militante Nassima al-Sadah, libérées en 2021, restent bloquées dans le royaume.