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Ramadi : l'armée irakienne annonce la "libération" totale de la ville

Les forces irakiennes ont annoncé lundi la "libération" totale de Ramadi, grande ville à l'ouest de Bagdad, hissant le drapeau national sur un bâtiment gouvernemental pour marquer leur plus grande victoire face au groupe jihadiste Etat islamique.

"Ramadi a été libérée", a déclaré le général de brigade Yahya Rasool à la télévision d'Etat.

Des soldats ont dansé l'arme levée dans les rues du chef-lieu de la grande province occidentale d'Al-Anbar, pendant que des hauts commandants paradaient dans cette ville des bords de l'Euphrate que l'armée irakienne avait perdue en mai.

Des Irakiens sont également descendus dans les rues de plusieurs villes du pays pour célébrer la reprise de Ramadi.

Des jihadistes pourraient être encore présents dans certains quartiers mais les forces irakiennes affirment ne rencontrer aucune résistance depuis que les derniers combattants de l'EI ont quitté dimanche un complexe gouvernemental du centre-ville.

Les militaires avancent toutefois avec prudence et se consacrent à la tâche titanesque de désamorcer les centaines de bombes et engins explosifs laissés par les jihadistes dans la ville.

300 engins explosifs

"Il y a au moins 300 bombes et engins explosifs dans le complexe gouvernemental et sur les routes qui y mènent", a ainsi expliqué un officier de la 8e division de l'armée irakienne, Majid al-Fatlawi.

Quasiment tous les civils ont quitté le centre de Ramadi dévasté par les combats. Certains ont été évacués mais d'autres ont été utilisés comme boucliers humains par les jihadistes pour couvrir leur fuite vers l'est de la ville, selon plusieurs témoignages.

Il y a une semaine, les responsables irakiens estimaient que l'EI disposaient de 400 combattants à Ramadi. Il était impossible lundi de déterminer combien ont été tués dans les combats et combien ont fui.

Du côté des forces irakiennes, les autorités n'ont pas divulgué de bilan des pertes mais des médecins ont indiqué à l'AFP qu'une centaine de soldats blessés ont été hospitalisés à Bagdad pour la seule journée de dimanche.

Mossoul prochaine étape ?

La coalition internationale contre l'EI menée par les Etats-Unis et à laquelle participent notamment la France et la Grande-Bretagne, a félicité les forces irakiennes pour leur victoire. Elle a appuyé leur avancée par des raids aériens -600 depuis juillet dans cette zone- mais également en leur fournissant armes et entraînements.

Le président du Parlement irakien, Salim al-Joubouri, a félicité les forces fédérales pour "cette magnifique victoire contre Daech".

"Elle représente une rampe de lancement pour la libération de (la province) de Ninive", a-t-il affirmé.

Mossoul, deuxième ville du nord irakien, est le chef-lieu de la province de Ninive. C'est depuis cette cité que le chef de l'EI, Abou Bakr al-Baghdadi, avait proclamé son "califat" s'étendant sur une partie de l'Irak et de la Syrie, il y a un an et demi.

Depuis, l'EI a toutefois perdu un certain nombre de places fortes. Il y a une semaine, le ministre irakien de la Défense Khaled al-Obeidi avait affirmé que les forces irakiennes ont reconquis plus de la moitié du territoire perdu face au groupe jihadiste en 2014.

Les militaires parfois aidée des paramilitaires chiites ou des combattants kurdes ont notamment repris Tikrit, Baiji, au nord de Bagdad et Sinjar, dans le nord-est du pays.

A Ramadi, il faudra toutefois beaucoup de temps pour que la vie normale reprenne. Des habitants ont à peine commencé à revenir dans les quartiers périphériques, reconquis par l'armée il y a plusieurs jours, pour évaluer les dégâts, selon un photographe de l'AFP.

"Nous n'avons pas l'intention de retourner à Ramadi maintenant, même si cette libération nous rend très heureux", confie Sohaib Ali, 27 ans, père de trois enfants ayant fui Ramadi il y a près de deux ans.

"Nous pouvons voir les immenses dégâts que les combats ont causé et je ne pense pas que les services de base reviendront tout de suite ni même la sécurité", poursuit cet homme déplacé à Erbil, dans la capitale du Kurdistan.

D'après l'Organisation internationale des migrations, les habitants de la province d'Al-Anbar représentent un tiers des 3,2 millions d'Irakiens forcés de fuir leur foyer en raison des combats depuis 2014.

La victoire de Ramadi devrait redorer le blason d'une armée irakienne très critiquée depuis la pertes de vastes territoires en 2014 au profit de l'EI.

"C'est la première fois depuis l'offensive de Daech que cette institution obtient une victoire sans le soutien des Forces populaires de mobilisation", des groupes paramilitaires chiites, souligne l'analyste Ihsan al-Shammari.