Fil d'Ariane
Le deuxième groupe de détenus palestiniens a été libéré par Israël, samedi 25 janvier, dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu. De nombreuses familles attendent toujours le retour de leurs proches, parfois emprisonnés sans charge ni procès.
Des prisonniers palestiniens sont accueillis par une foule après avoir été libérés de la prison israélienne suite à un accord de cessez-le-feu avec Israël, dans la ville de Ramallah en Cisjordanie, samedi 25 janvier 2025.
Tareq al-Zaro a reçu un appel des renseignements israéliens lui assurant que son oncle serait libéré samedi 25 janvier. Mais Sadiqi al-Zaro, 65 ans, n'était pas dans les cars qui ont ramené les détenus palestiniens à Ramallah, en Cisjordanie occupée.
Lui et sa famille sont venus d'Hébron, dans le sud du territoire, un voyage interminable à travers les barrages routiers, dont le nombre a explosé depuis une semaine. Il fallait ça pour accueillir le sexagénaire, libre après 24 ans de détention.
Des prisonniers palestiniens sont accueillis par une foule après avoir été libérés de la prison israélienne suite à un accord de cessez-le-feu avec Israël, dans la ville de Ramallah en Cisjordanie, samedi 25 janvier 2025.
L’armée israélienne a libéré, samedi, le deuxième groupe de détenus dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu. Selon l’agence de presse palestinienne WAFA, ce deuxième groupe comprend 200 détenus, parmi lesquels 121 prisonniers condamnés à perpétuité et 79 prisonniers purgeant de longues peines.
La majorité des prisonniers sont transférés à Ramallah, 16 vers la bande de Gaza, et 70 expulsés. Après avoir transité par l’Égypte, les prisonniers « choisiront l’Algérie, la Turquie ou la Tunisie », a déclaré à l’Agence France Presse Amin Choumane, chef du Haut Comité palestinien pour le suivi des affaires des prisonniers et des prisonniers libérés.
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Ils sont environ 10 000 Palestiniens à être détenus dans les prisons israéliennes. Une partie d’entre eux sont emprisonnés sous le régime de la détention administrative, qui permet à la justice militaire de les garder en détention sans charge. Ils sont aujourd’hui plus de 3 300 à être dans ce cas, un chiffre qui n’a jamais été aussi élevé selon l’institut israélien de défense des droits humains HaMoked.
"Nous l'avons confirmé sur (...) le site officiel du ministère de la Justice israélien, avec tous les détails : son nom, numéro de carte d'identité, date de naissance, date d'arrestation (...)".
Et il figurait sur la liste des détenus libérables lors de la première phase de l'accord de trêve. Celle-ci doit durer six semaines, au cours desquelles quelque 1.900 détenus palestiniens doivent être libérés, contre 34 otages israéliens capturés lors de l'attaque du Hamas, en sept fois.
Un prisonnier palestinien libéré, à gauche, est accueilli par ses proches à son arrivée dans la bande de Gaza après avoir été libéré d'une prison israélienne à la suite d'un accord de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël, samedi 25 janvier 2025.
Mais chaque semaine, la fabrication des listes des libérés du jour est aussi opaque qu'imprévisible, objet d'âpres négociations.
Et la joie de Tareq et de ses cousins fut de courte durée. Le patriarche ne figurait pas sur la liste définitive du jour. "Nous avons été choqués", avoue-t-il.
"Il y a eu beaucoup de problèmes depuis le début de ce processus de libération. Il était difficile pour les familles d'obtenir une confirmation claire", ajoute-t-il.
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"Nous laissons cela entre les mains de Dieu. Nous sommes venus ici sur la base d'un appel téléphonique, et si Dieu le veut, il sera libéré sur la base d'une annonce officielle".
Autre rendez-vous manqué. Tareq Yahya, 31 ans, est originaire de Jénine, bastion de la résistance palestinienne, dans le nord de la Cisjordanie. Il cherche des proches, n'en trouve aucun, mais sait pourquoi.
Le Palestinien Raed Al-Saadi, 57 ans, à droite, et un autre prisonnier sont accueillis par la foule après avoir été libérés de la prison israélienne à la suite d'un accord de cessez-le-feu avec Israël, dans la ville de Ramallah en Cisjordanie, samedi 25 janvier 2025.
"Il semble que, compte tenu de la situation à Jénine, ils n'ont pas pu venir ici", dit-il, en référence à l'opération militaire israélienne lancée mardi contre le camp de réfugiés de la ville et qui a déjà fait plus d'une dizaine de morts.
Il souligne l'émotion que procure le vibrant comité d'accueil qui l'attend à Ramallah. "C'est incroyable, l'amour que notre peuple nous a montré".
En pensant aux autres prisonniers qui doivent être libérés prochainement, il réclame la fin des "passages à tabac, humiliations et mauvais traitements que les surveillants nous ont infligés les derniers jours avant notre libération".
Quant à Maisa Abou Bakr, 33 ans, c'est le contraire. "Nous avons été surpris car nous ne nous attendions pas à ce que mon oncle soit libéré", dit-elle.
Car Yasser Abou Bakr était détenu depuis 2002. Il a été condamné à plusieurs réclusions à perpétuité, pour des faits qu'elle ne révélera pas. Mais en tout, 120 autres détenus libérés ce samedi purgeaient une ou plusieurs peines de prison à vie.
Elle est donc arrivée tôt ce matin avec sa famille pour le voir, arborant comme beaucoup le keffieh palestinien traditionnel autour du cou, un peu stressée. "C'est une surprise de le voir après 23 ans, alors je ne sais pas ce qui va se passer".
Des centaines de personnes se sont rassemblées autour du complexe sportif local, où les détenus ont pu recevoir un bref examen de santé, tandis que beaucoup d'autres encore regardaient depuis les collines environnantes, sous les feux d'artifice.
Je ne peux pas décrire ce sentiment. Le simple fait d'apprendre que j'allais être libéré était bouleversant.
Azzam al-Shallalta, 30 ans
Israël a confirmé en avoir libéré 200 samedi en échange de quatre otages. Certains ont été expulsés vers l'Egypte et devront choisir entre l'exil en Tunisie, Algérie ou Turquie. D'autres ont été amenés à Gaza.
Comme Azzam al-Shallalta, 30 ans, qui s'est mis à genoux en pleurant, aux pieds de sa mère. Toujours vêtu de son survêtement gris de prisonnier, il décrit une "situation vraiment déchirante".
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"Nous prions Dieu de libérer tous les frères que nous avons laissés derrière nous", ajoute-t-il, le visage pâle et maigre, la tête rasée, le menton mangé par une longue barbe rousse.
"Je ne peux pas décrire ce sentiment. Le simple fait d'apprendre que j'allais être libéré était bouleversant", ajoute-t-il en serrant les mains autour de lui.