Fil d'Ariane
Victoire écrasante. Le "oui" l'a emporté, dimanche 1er octobre, avec 90% des voix lors du référendum sur l'indépendance d'un État catalan, en Espagne. 712 des 948 municipalités catalanes ont accepté de participer à ce scrutin qui a enregistré un taux de participation de 42.3%.
Pendant toute la journée du scrutin, les réactions ont fleuri concernant les violences policières qui ont eu cours devant des bureaux de votes. Les forces de sécurité déployées par Madrid ont procédé à des perquisitions, saisi des millions de bulletins de vote et mis sous scellé près de la moitié des 2 300 bureaux de vote et cela, avant même la tenue du référendum.
> Pour en savoir : notre dossier sur le défi d'indépendance de la Catalogne.
En tout, 92 personnes ont été blessées parmi près de 850 personnes qui ont "sollicité une assistance sanitaire pendant la journée du référendum, en relation avec les charges des forces de police de l'État", a notifié le gouvernement régional.
> Retour sur les faits :
Le référendum sur l'indépendance de la Catalogne : point sur la situation au lendemains des violences qui ont fait lus de 800 blessés pic.twitter.com/PlmsdfuU46
— TV5MONDE Info (@TV5MONDEINFO) October 2, 2017
Dès dimanche 1er octobre, des voix se sont élevées contre ces violences policières. C'est le cas de Jean-François Lisée, chef de file du Parti québécois, indépendantiste. Il dénonce une "journée noire pour la démocratie" :
Un jour noir pour l'Europe et la démocratie. Tous les dirigeants doivent dénoncer l'Espagne. #CatalanReferendum pic.twitter.com/uvFy0ALh4S
— Jean-François Lisée (@JFLisee) October 1, 2017
Le chef du parti travailliste en Angleterre, Jeremy Corbin, en fait de même en appelant la Première ministre britannique à réagir :
I urge @Theresa_May to appeal directly to Rajoy to end police violence in Catalonia & find political solution to this constitutional crisis.
— Jeremy Corbyn (@jeremycorbyn) October 1, 2017
[Je demande instamment à @Theresa_May d'appeler directement Rajoy à mettre fin à la violence policière en Catalogne et à trouver une solution politique à cette crise constitutionnelle. - Jeremy Corbin]
Au Parlement européen, le Belge libéral Guy Verhofsdat a condamné "une violence disproportionnée" des autorités espagnoles.
La Première ministre écossaise Nicola Sturgeon a, elle aussi, apporté son soutien aux indépendantistes. Ce n'est pas une surprise puisqu'elle défend, elle aussi, l'indépendance de l'Écosse où le référendum a été un échec.
Qu'en est-il du reste du monde après le résultat du référendum catalan ? C'est le silence tout d'abord qui s'impose. Bruxelles sort finalement de sa réserve mardi 2 octobre et appelle prudemment "tous les acteurs" à passer "de la confrontation au dialogue" tout en confortant la position du Madrid.
Une retenue peut-être due au fait que Mariano Rajoy - le Premier ministre espagnol - est membre du Parti Populaire Européen (PPE) majoritaire au Parlement européen. Mariano Rajoy qui considère ce référendum comme "une attaque contre l'Etat de droit" avait aussi insisté sur le fait qu'aucune médiation n'était nécessaire.
Mais une médiation internationale est désormais demandée par le président catalan lui-même, Carles Puigdemont, qui exige le retrait des forces de sécurité déployées par Madrid.
L'ONU par la voix de son Haut commissaire aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein "exhorte les autorités espagnoles à garantir des enquêtes sur les actes de violence".
Dans le reste de l'Europe, les autres chefs d'État européens sont rares à briser le silence pour commenter des affaires dites "internes". Le président français Emmanuel Macron est d'ailleurs resté dans la ligne en apportant son soutien au gouvernement central madrilène et en se disant attaché "à l'unité constitutionnelle de l'Espagne".
En Belgique, partagée entre wallons et flamands, la position du gouvernement a été plus partisane du fait de sa composition qui comprend de nombreux nationalistes flamands du parti Alliance néo-flamande (N-VA). Eux aussi rêvent d'une Flandre indépendante. Le chef du gouvernement fédéral Charles Michel a dit condamné "toute forme de violence" appelant au "dialogue politique".
Même appel lancé par le Premier ministre québécois Philippe Couillard qui a proposé l'aide du Québec à la Catalogne pour trouver une solution politique :
#Catalogne: nous suivons la situation de près. #Québec condamne toute forme de violence. La réponse: le dialogue entre les parties.
— Philippe Couillard (@phcouillard) October 1, 2017
Même type de réaction de Jean-François Lisée, chef du Parti québécois qui milite pour la souveraineté du Québec où a été organisé un référendum pour son indépendance à deux reprises : en 1980 et en 1995.
Jean-François Lisée raconte sur de TV5MONDE être "choqué comme tous les démocrates" de la situation en Catalogne, être "choqué du silence des nations démocrates".
Il ajoute : "Le Québec est une nation et, pour nous indépendantistes, il n'y a pas de raison que nous vivions de façon indéterminée dans la maison de notre voisin. On ne lui veut pas de mal mais il ne peut pas nous imposer un certain nombre de décisions. (...) On serait mieux en bons voisins qu'en couple dissous qui ne se parle plus et se chicane constamment."