Référendum en Catalogne : les réactions en France, en Belgique, au Québec...

A la question "Voulez-vous que la Catalogne soit un État indépendant sous forme de république ?", 90% des votants ont répondu "oui" dimanche 1er octobre. Comme la Catalogne, l'Écosse, la Belgique ou encore le Québec ont également soumis leur population à cette question. Regards francophones sur le cas espagnol. 
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Des manifestants catalans défilaient ici lors d'une manifestation à Barcelone, le 2 octobre 2017, au lendemain du référendum. Ils accusent la police déployée par Madrid de brutalité et de répression. 
©AP Photo/Felipe Dana
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Victoire écrasante. Le "oui" l'a emporté, dimanche 1er octobre, avec 90% des voix lors du référendum sur l'indépendance d'un État catalan, en Espagne. 712 des 948 municipalités catalanes ont accepté de participer à ce scrutin qui a enregistré un taux de participation de 42.3%.

Pendant toute la journée du scrutin, les réactions ont fleuri concernant les violences policières qui ont eu cours devant des bureaux de votes. Les forces de sécurité déployées par Madrid ont procédé à des perquisitions, saisi des millions de bulletins de vote et mis sous scellé près de la moitié des 2 300 bureaux de vote et cela, avant même la tenue du référendum.

> Pour en savoir : notre dossier sur le défi d'indépendance de la Catalogne.

En tout, 92 personnes ont été blessées parmi près de 850 personnes qui ont "sollicité une assistance sanitaire pendant la journée du référendum, en relation avec les charges des forces de police de l'État", a notifié le gouvernement régional.

> Retour sur les faits :

Condamnations des violences policières

Dès dimanche 1er octobre, des voix se sont élevées contre ces violences policières. C'est le cas de Jean-François Lisée, chef de file du Parti québécois, indépendantiste. Il dénonce une "journée noire pour la démocratie" : 

 
Le chef du parti travailliste en Angleterre, Jeremy Corbin, en fait de même en appelant la Première ministre britannique à réagir : 

[Je demande instamment à @Theresa_May d'appeler directement Rajoy à mettre fin à la violence policière en Catalogne et à trouver une solution politique à cette crise constitutionnelle. - Jeremy Corbin]

Au Parlement européen, le Belge libéral Guy Verhofsdat a condamné "une violence disproportionnée" des autorités espagnoles. 

La Première ministre écossaise Nicola Sturgeon a, elle aussi, apporté son soutien aux indépendantistes. Ce n'est pas une surprise puisqu'elle défend, elle aussi, l'indépendance de l'Écosse où le référendum a été un échec. 

La réserve de l'Union européenne

Qu'en est-il du reste du monde après le résultat du référendum catalan ? C'est le silence tout d'abord qui s'impose. Bruxelles sort finalement de sa réserve mardi 2 octobre et appelle prudemment "tous les acteurs" à passer "de la confrontation au dialogue" tout en confortant la position du Madrid.

Une retenue peut-être due au fait que Mariano Rajoy - le Premier ministre espagnol - est membre du Parti Populaire Européen (PPE) majoritaire au Parlement européen. Mariano Rajoy qui considère ce référendum comme "une attaque contre l'Etat de droit" avait aussi insisté sur le fait qu'aucune médiation n'était nécessaire. 

Mais une médiation internationale est désormais demandée par le président catalan lui-même, Carles Puigdemont, qui exige le retrait des forces de sécurité déployées par Madrid. 

L'ONU par la voix de son Haut commissaire aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein "exhorte les autorités espagnoles à garantir des enquêtes sur les actes de violence". 

Dans le reste de l'Europe, les autres chefs d'État européens sont rares à briser le silence pour commenter des affaires dites "internes". Le président français Emmanuel Macron est d'ailleurs resté dans la ligne en apportant son soutien au gouvernement central madrilène et en se disant attaché "à l'unité constitutionnelle de l'Espagne". 

Réactions des indépendantistes québécois

En Belgique, partagée entre wallons et flamands, la position du gouvernement a été plus partisane du fait de sa composition qui comprend de nombreux nationalistes flamands du parti Alliance néo-flamande (N-VA). Eux aussi rêvent d'une Flandre indépendante. Le chef du gouvernement fédéral Charles Michel a dit condamné "toute forme de violence" appelant au "dialogue politique". 

Même appel lancé par le Premier ministre québécois Philippe Couillard qui a proposé l'aide du Québec à la Catalogne pour trouver une solution politique :


Même type de réaction de Jean-François Lisée, chef du Parti québécois qui milite pour la souveraineté du Québec où a été organisé un référendum pour son indépendance à deux reprises : en 1980 et en 1995.

Jean-François Lisée raconte sur de TV5MONDE être "choqué comme tous les démocrates" de la situation en Catalogne, être "choqué du silence des nations démocrates".

Il ajoute : "Le Québec est une nation et, pour nous indépendantistes, il n'y a pas de raison que nous vivions de façon indéterminée dans la maison de notre voisin. On ne lui veut pas de mal mais il ne peut pas nous imposer un certain nombre de décisions. (...) On serait mieux en bons voisins qu'en couple dissous qui ne se parle plus et se chicane constamment."

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