Réforme des retraites en France : le gouvernement rencontre les organisations syndicales

Le ministre français de l'Education Jean-Michel Blanquer recevait à partir de vendredi 13 décembre des organisations syndicales, mobilisées contre la réforme des retraites. Le Premier ministre, Edouard Philippe, a quant à lui annoncé qu'il rencontrerait les partenaires sociaux dans la semaine, alors qu'une nouvelle manifestation est prévue mardi 17 décembre.
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Edouard Philippe
Le Premier ministre français, Edouard Philippe, lors de l'annonce de sa réforme des retraites le mercredi 11 décembre 2019.
©Thomas Samson/Pool via AP
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"C'est une réforme de refondation avant toute chose", a déclaré le président français Emanuel Macron, évoquant un projet "historique pour le pays", en réponse à des questions insistantes lors d'une conférence de presse à Bruxelles. Le chef de l'État était resté très discret depuis le début du mouvement le 5 décembre.

Vendredi 13 décembre, les syndicats enseignants ont été reçus par le ministre de l'Éducation. Jean-Michel Blanquer aégalement participé, dans la soirée à Nancy avec Édouard Philippe à un débat sur les retraites avec des enseignants. Très présents dans les cortèges, ces derniers craignent de perdre une grosse partie de leur pension de retraite avec la réforme.

Après la présentation de la réforme du gouvernement, pour créer un système de retraite universel par points, le Premier ministre Édouard Philippe a convié les organisations syndicales et patronales pour un "cycle de réunions". Il a souhaité que cette concertation démarre "le plus tôt possible la semaine prochaine".

"Ma porte est ouverte et ma main est tendue", a insisté le Premier ministre jeudi 12 décembre à l'adresse notamment de Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT. Ce syndicat réformiste a rejoint la mobilisation, furieux de la décision du gouvernement, d'imposer une mesure d'âge dans la réforme.

"Je suis prêt à discuter, évidemment qu'on va discuter", avait déclaré le leader du premier syndicat français jeudi matin, après avoir réagi très vivement à la mise en place d'un "âge d'équilibre" à 64 ans.

Cet âge revient à allonger la durée de cotisation puisque en dessous de ce seuil, les retraités ne toucheront pas leur pension à taux plein, afin de faire des économies et de réduire le déficit éventuel du régime. Laurent Berger avait alors prévenu qu'il s'agissait d'une "ligne rouge": "Vouloir être constructif, ça ne veut pas dire se laisser marcher dessus".
                  

Une nouvelle manifestation mardi 17 décembre           

                
La concertation visera à "continuer à améliorer le projet porté par le gouvernement", a expliqué Matignon autour de "la mise en place du minimum de pension, la pénibilité, la retraite progressive et l'accompagnement des transitions vers le système universel".

Bien que ces thèmes abordés coïncident avec les revendications des différents syndicats réformistes, CFDT, CFTC, l'Unsa et la Fédération des Associations Générales des Etudiants (FAGE) - favorables à la création d'un système de retraites universel par points, ils ont appelé à rejoindre une nouvelle manifestation du 17 décembre.

L'initiative de cette journée revient à l'intersyndicale CGT-FO-Solidaires-FSU, rejointe par la CFE-CGC, et des organisations de jeunesse à l'origine de la mobilisation depuis le 5 décembre. Ces syndicats demandent le retrait pur et simple de la réforme.
 

Une grève des transports jusqu'à Noël ?

La grève dans les transports pourrait ne connaître aucune trêve, pas même celle dite des "confiseurs" pour les fêtes de fin d'année. La CGT-Cheminots a annoncé que le blocage continuera "sauf si le gouvernement revient à la raison" en retirant son projet.

Une déclaration jugée "irresponsable" par la ministre de la Transition écologique Élisabeth Borne. Vendredi, elle a appelé les grévistes à "entendre les difficultés des Français" et à se "mettre à la table des négociations".

Dimanche, le ministre du Logement, Julien Denormandie a appelé les syndicats à la responsabilité et au dialogue sur la réforme des retraites, jugeant "insupportable" la perspective de voir des Français empêchés de fêter Noël en famille.

De son côté, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, s'est dit soucieux, dans une interview au Journal du dimanche, qu'il n'y ait "pas de blocage des transports pour Noël", tout en sommant le gouvernement de retirer de sa réforme l'instauration d'un "âge d'équilibre" à 64 ans pour le départ à la retraite. Pour l'heure, la situéation reste très perturbée dans les transports.
 

Les principaux points de la réforme des retraites

-    Le nouveau système de retraite concernera les personnes nées à partir de 1975.

-    Les 42 régimes existants actuellement seront réunis en un seul système. Le Premier ministre a également annoncé la fin des régimes spéciaux.

-    Fixation d'un« âge pivot » ou « âge d’équilibre » à 64 ans avec un système de bonus-malus. Les personnes qui dépasseront cet âge profiteront d’un bonus, ceux qui partiront avant subiront une décote de leur retraite. L’âge de départ à la retraite reste fixé à 62 ans.

-    Un minimum retraite sera fixé à 1000 euros nets.

-    Finis les trimestres de cotisation, Edouard Philippe entend mettre en place un système dupoint.

Ce que réclament les syndicats.


-    « Une ligne rouge a été franchie », s’est offusqué Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT.  Alors que le syndicat soutient un système universel par point, il réfute clairement « l’âge pivot » fixé à 64 ans.

-    Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT considère que le gouvernement « s’est moqué de nous ». Pour la FSU (Fédération syndicale unitaire) - alliée de la CGT et de FO (Force ouvrière)- « le mécontentement et la détermination restent entiers ».

-    Laurent Brun, le secrétaire général de la CGT-Cheminots, estime que le régime par point est « injuste », contrairement  à la CFDT.  

-    Le Medef, dirigé par Geoffroy Roux de Bézieux, a de son côté, salué un « bon équilibre ».