Fil d'Ariane
Annoncée par le président Emmanuel Macron pendant sa campagne présidentielle en 2017, la réforme structurelle des retraites vise à supprimer les 42 régimes existants (privés, spéciaux, des fonctionnaires, etc.) pour créer un système de retraite universel par points.
Le 5 décembre, les salariés participent massivement à une journée nationale d'action.
La grève, reconductible à la SNCF et à la RATP, perturbe fortement les transports. Chez les enseignants, elle atteint des taux records depuis 2003 malgré des promesses gouvernementales de revalorisations salariales.
Entre 806.000 manifestants (selon le ministère de l'Intérieur) et 1,5 million (selon la CGT) défilent dans toute la France, dont 65.000 à 250.000 à Paris.
Le lendemain, le Premier ministre Edouard Philippe se dit ferme sur "la disparition des régimes spéciaux" mais prêt à des "transitions progressives".
"Nous tiendrons jusqu'au retrait", prévient le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.
Le 10 décembre, entre 339.000 (ministère de l'Intérieur) et un million de personnes (CGT) manifestent en France, dont 31.000 à 180.000 à Paris.
Le 11 décembre, Edouard Philippe présente le projet. Le système universel par points s'appliquera à partir de la génération 1975.
Mais chez certains fonctionnaires et agents de régimes spéciaux, les premières générations concernées seront celle de 1980, voire 1985 (conducteurs SNCF et RATP par exemple).
Côté mesures budgétaires, un dispositif de bonus-malus incitera à travailler plus longtemps, avec un "âge d'équilibre" atteignant 64 ans en 2027.
Cet âge pivot appliqué progressivement dès 2022 fait basculer la CFDT, favorable sur le principe à un système universel, dans le camp des opposants. "La ligne rouge est franchie", réagit son secrétaire général Laurent Berger.
Après une semaine de révélations sur des activités bénévoles non déclarées et d'autres rémunérées, le haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye démissionne le 16 décembre. Il est remplacé le lendemain par le député LREM du Nord Laurent Pietraszewski.
Pour la première fois à l'appel de l'ensemble des syndicats, entre 615.000 (Intérieur) et 1,8 million (CGT) de personnes manifestent le 17 dans toute la France, dont 76.000 à 350.000 à Paris.
CGT, FO, CFE-CGC, Solidaires et FSU réclament le retrait du projet, CFDT, CFTC et Unsa l'abandon de l'âge pivot.
Le 18 décembre, Emmanuel Macron fait savoir qu'il est "disposé à améliorer" sa réforme, notamment "autour de l'âge pivot".
Le lendemain, à l'issue de rencontres avec les partenaires sociaux, Edouard Philippe relève des "avancées" mais seule l'Unsa ferroviaire appelle à "une pause" dans la grève.
L'intersyndicale mobilisée pour le retrait de la réforme annonce une nouvelle journée d'action pour le 9 janvier 2020.
Le 21 décembre, Emmanuel Macron fait savoir qu'il renonce à sa future retraite de président.
La reprise de la concertation gouvernement/syndicats est fixée au 7 janvier. En attendant, des concessions sont accordées au fil des jours à une dizaine de professions (policiers, pilotes de ligne, marins, danseurs de l'Opéra ...).
Les danseuses de l'Opéra de Paris, en grève, offrent un ballet gratuit sur le parvis de l'institution. Elles protestent contre la disparition de leur régime spécial. Leur âge de départ à la retraite est actuellement fixé à 42 ans.
Samedi 3 janvier, 3.500 personnes selon la police ont manifesté à Paris dans le calme à l'appel des unions départementales CGT, FO, Solidaires et FSU entre la Gare de Lyon et la Gare de l'Est, aux côtés de "gilets jaunes".
Plusieurs défilés, de quelques centaines de personnes ont aussi eu lieu à Marseille, Rouen, Le Havre ou encore Rennes.
Les transports restent perturbés par la grève pendant les fêtes. La CGT-Chimie appelle à bloquer raffineries et dépôts du 7 au 10 janvier.
Lors de ses vœux télévisés du 31 décembre, Emmanuel Macron affirme que "la réforme des retraites sera menée à son terme", tout en demandant au gouvernement de trouver "un compromis rapide".
Avant la nouvelle journée d'action du 9 janvier, des mots d'ordre de grève sont lancés dès le lundi 6 janvier (avocats, kinés, infirmiers, navigants d'Air France ...).
L'intersyndicale opposée à la réforme des retraites a aussi programmé une journée de manifestation le samedi 11 janvier.
Contestation contre la réforme des retraites : un moment charnière du quinquennat Macron ?