
Fil d'Ariane
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- Réfugiés en Europe : le compromis impossible ?
Joanna Pétin est doctorante au Centre de Documentation et de Recherches Européen de la faculté de Bayonne (UPPA). Elle est aussi juriste consultante sur les questions liées à l'asile et de l'immigration en Europe. Elle signe un rapport « Crise migratoire en Méditerrannée, le droit européen de l’asile et la solidarité remis en question »
La volonté de suspendre les accords de Dublin et de dire que le territoire était ouvert, c’était inévitable, cela ne pouvait que provoquer une sorte d’appel d’air, alors parler de volte-face, le mot est un peu fort surtout après l’annonce de l’accueil par l’Allemagne d’un millier de réfugiés en 2015.
C’est dans les propositions de solution , mais l’idée de quotas obligatoires en revanche ne passe pas auprès de certains Etats membres, qui militent pour du volontariat. Et pourtant, ce serait sans doute « la » solution.
La solution la plus viable serait de suspendre la disposition Dublin ou du moins d’appliquer les dispositions dont le règlement dispose déjà, et notamment la clause de souveraineté, (qui permet à un Etat Membre de l’UE de se déclarer lui-même responsable d’une demande.) Faire peser la charge sur les Etats qui se trouvent en ligne de front, ce serait déraisonnable. Le plus sage serait de pérenniser un système de relocalisation. La situation dans les pays que fuient ces réfugiés n’est pas prête de s’améliorer, donc le flux ne va pas s’arrêter, il va peut-être rester identique à celui qu’on connait actuellement.
Il s’agirait tout d’abord de déterminer concrètement ce qu’est afflux massif, ce qui n’est pas fait actuellement, puis suspendre le système Dublin. Les clés de répartition envisagés seraient basées sur le taux de PIB, le taux de chômage, mais aussi pourquoi pas le nombre de personnes déjà protégées par le statut de réfugiés dans chaque pays.
Le système est inadapté à la situation actuelle, malgré tout elle a des instruments. Une directive n’a pas été exploitée, celle de la protection temporaire, créée en 2001, elle est spécifique et elle a été créée pour faire face à un afflux massif de réfugiés fuyant des pays en guerre. Cet instrument n’a pas été sollicité aujourd’hui, pourquoi ? Cela aurait sans doute permis de désamorcer la bombe plus tôt. Cette directive propose une reconnaissance primafaciée. Et c’est ce qui est proposé aujourd’hui. C’est à dire que lorsque une personne arrive et se présente comme originaire de Syrie, on va lui offrir sur la base de son identité une protection.
En Europe, le droit d’asile est plus qu’un droit, il s’agit d’un devoir voire une obligation pour les Etats membres d’accueillir ces demandeurs d’asile. Ils ont pour devoir de ne pas renvoyer vers ces territoires des personnes qui ont besoin de protection, et de traiter leurs demandes.
Les frontières n’ont jamais empêché l’immigration irrégulière. D’ailleurs le rétablissement provisoire des frontières est prévu par les accords de Schengen. Les routes migratoires le montrent, il suffit de bloquer une route, et c’est une autre qui se crée.