Répartition des migrants : l'effort de Berlin et Paris, mais toujours pas d'accord global

L'Union européenne peine encore à s'entendre sur la répartition de 60.000 réfugiés ou demandeurs d'asile pour soulager l'Italie et la Grèce, soumises à une forte pression migratoire, même si l'Allemagne et la France ont annoncé jeudi 9 juillet, à Luxembourg, prendre leur part de l'effort demandé.
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Répartition migrants
Un bateau rempli de migrants est repéré lors d'une mission de sauvetage, en Méditerranée, au large des côtes libyennes, le 23 juin 2015.
© AP Photo/Gregorio Borgia
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Quelque 9.100 personnes seront accueillies dans les deux ans à venir en France, et 12.100 en Allemagne, soit un tiers environ du total, ce qui correspond à ce que souhaitait Bruxelles. Il s'agit principalement de réfugiés syriens et érythréens.
Les ministres de l'Intérieur français et allemand, Bernard Cazeneuve et Thomas de Maizière, ont annoncé ces chiffres à l'issue d'une réunion avec leurs homologues européens, jeudi 9 juillet, à Luxembourg.
 
Mais ils ont aussi constaté l'absence d'accord global, la présidence luxembourgeoise de l'UE tout juste en fonctions (qui a fait du dossier sa "première priorité") promettant qu'il serait scellé lors d'une nouvelle réunion de ces ministres, le 20 juillet à Bruxelles.
 
Il s'agit de répartir 40.000 demandeurs d'asile débarqués ces dernières semaines sur les côtes grecques et italiennes, afin de soulager ces deux pays, et d'accueillir dans l'UE 20.000 réfugiés, enregistrés par le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), actuellement hébergés dans les pays limitrophes de la Syrie, principalement la Turquie.
 
La répartition des réfugiés a été achevée jeudi, et le chiffre dépassé, les promesses d'accueil portant sur "peut-être" 22.000 personnes, a dit Jean Asselborn, ministre luxembourgeois de l'Immigration et de l'Asile.
 
En revanche il subsiste des blocages sur la solidarité à l'égard des demandeurs d'asile. L'Espagne et l'Autriche ont voulu différer l'annonce de leur contribution, selon deux sources européennes. "La Hongrie a dit zéro", a ajouté l'une d'elles, alors que les Polonais et les Tchèques ont joué le jeu. "Il y a quelques pays qui ont des difficultés avec le concept, ils craignent un effet d'appel d'air", a expliqué M. de Maizière, tout en se disant confiant sur la conclusion d'un accord ce mois-ci.
 

Crise humanitaire

En marge de ce débat européen, le HCR est venu tirer la sonnette d'alarme sur le poids que représente pour les voisins de la Syrie la gestion de quatre millions de réfugiés ayant fui la guerre, le chiffre désormais dépassé jeudi.
"C'est un vrai sujet d'inquiétude" et l'Europe doit apporter "une réponse robuste", "plus efficace", à cette crise humanitaire, a déclaré le haut commissaire Antonio Guterres, citant l'Allemagne en modèle pour le traitement des demandes d'asile.
 
Selon le HCR, 78.000 migrants sont arrivés en Grèce depuis le début de l'année, dont 10.000 ces deux dernières semaines, ce qui fait de ce pays aux caisses vides la première destination désormais devant l'Italie (environ 70.000).
Jeudi le ministre français Bernard Cazeneuve a insisté sur le "devoir" qu'ont la France et l'Allemagne d'offrir "un accueil digne à ceux qui relèvent du statut de réfugié".
 
Paris et Berlin, selon lui, ont néanmoins posé des conditions sans lesquelles "ce que nous faisons en matière de solidarité n'aura pas de soutenabilité". Il faut un fonctionnement efficace des "hot spots" (zones d'attente où sera effectuée la sélection entre futurs réfugiés et migrants économiques) et que pour ces derniers soit prévu "un dispositif de retour organisé avec les pays de provenance". Des contacts ont notamment été pris avec le Niger, a précisé M. Cazeneuve.
 
Fin juin, un sommet européen avait arrêté au terme de débats houleux le principe d'une répartition de 60.000 migrants dans l'UE sur une base volontaire --les Etats membres proposant leur contribution-- plutôt que contrainte comme le souhaitait depuis mai la Commission européenne. Avec ce chiffre "nous ne sommes pas à la hauteur", a déploré mercredi son président Jean-Claude Juncker devant les eurodéputés.