Fil d'Ariane
La conférence à l'ONU sur l'État palestinien, qui devait se tenir du 17 au 20 juin à New York, doit être reportée "pour des raisons logistiques et sécuritaires." Emmanuel Macron promet qu'elle "aura lieu au plus vite." Le point sur la situation.
Réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, mardi 18 février 2025, au siège de l'ONU.
"Dès les prochains jours, en lien évidemment avec les dirigeants de la région, et plus particulièrement avec l'Arabie Saoudite, une date sera refixée." Le président français Emmanuel Macron devait se rendre à une conférence à l'ONU sur l'État palestinien, coprésidée avec l'Arabie Saoudite, du 17 au 20 juin prochain.
Elle doit être reportée "pour des raisons logistiques et sécuritaires" mais "aura lieu au plus vite", a déclaré Emmanuel Macron. En cause notamment, l'impossibilité pour plusieurs dirigeants concernés par la question de se rendre sur place.
"Aujourd'hui même, le prince héritier (d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane), comme le président de l'Autorité palestinienne (Mahmoud Abbas), m'ont indiqué qu'ils n'étaient pas en situation logistique, physique, sécuritaire et politique de se rendre à New York", a-t-il poursuivi.
"Quel sens aurait une telle conférence (...) si tous les dirigeants de la région, pour des raisons évidentes, sont tenus chez eux", a insisté le chef de l'État, en invoquant "des raisons pragmatiques et de la pure lucidité" lié au récent contexte de bombardements entre Israël et l'Iran.
À (re)voir : Iran-Israël : 3e jour d'escalade militaire
Plusieurs ONG étaient déjà rassemblées ce jeudi 12 juin à Paris, pour anticiper la conférence qui aurait dû se tenir la semaine suivante. "Si la France décide de franchir le pas de la reconnaissance", cela ne doit pas "être juste symbolique", avait insisté Sarah Lecoq, chargée de plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire, lors de la conférence de presse. "La Palestine doit pouvoir avoir les moyens d'exister comme État."
Sans peuple et sans terre à défendre, l'État de Palestine, tel qu'il est imaginé aujourd'hui par la communauté internationale, reste une illusion
Sarah Lecoq, chargée de plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire, lors d'une conférence de presse.
"Et de quel État palestinien parle-t-on si la situation continue à être telle qu'elle est, avec d'un côté Gaza, qu'on essaye d'anéantir, et de l'autre côté une Cisjordanie où on a entre 600 et 700 000 colons?", a-t-elle questionné.
Avant d'ajouter : "Sans peuple et sans terre à défendre, l'État de Palestine, tel qu'il est imaginé aujourd'hui par la communauté internationale, reste une illusion. Il faut aborder la question des colonies illégales, de l'occupation par Israël du territoire palestinien, de l'apartheid qui a été mis en place au fil des années, et de l'impunité systématique dont jouit Israël aujourd'hui."
En dépit du report de la conférence, le président français Emmanuel Macron a affirmé sa "détermination" à reconnaître un Etat de Palestine.
Pour le moment, près de 150 pays reconnaissent l'Etat de Palestine, qui siège comme membre observateur aux Nations unies, mais pas comme membre à part entière en l'absence d'un vote favorable du Conseil de sécurité sur la question.
En mai 2024, l'Irlande, la Norvège et l'Espagne ont reconnu la Palestine, suivis par la Slovénie le mois suivant, mais la plupart des pays occidentaux, dont la France, n'ont pas franchi ce pas.
À (re)lire : La Norvège, l’Espagne et l’Irlande décident de reconnaître l’existence de l’État palestinien
En 2020, les accords d'Abraham parrainés par Donald Trump lors de son premier mandat à la Maison Blanche ont mené à la normalisation des relations entre Israël et trois pays arabes : les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc. Mais nombre de pays arabes ont jusqu'ici refusé de se joindre à ce processus, en particulier l'Arabie saoudite, ainsi que la Syrie et le Liban, voisins d'Israël.
La conférence de New York fait suite à une résolution de l'Assemblée générale de l'ONU de septembre 2024 qui "exige" notamment qu'Israël "mette fin à sa présence illicite dans le Territoire palestinien occupé" dans les 12 mois, et "la fin des transferts d'armes et du commerce avec les colonies", a rappelé Pierre Motin, de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine.
La France, qui a voté cette résolution, et souhaite se positionner comme "leader mondial et européen sur ce sujet (...) a du mal à se donner les moyens de faire pression sur le gouvernement israélien", a-t-il estimé.