Fil d'Ariane
Le périphérique parisien est l'un des axes les plus redoutés par les automobilistes. Une circulation chaotique parfaite pour tester les capacités de réaction d'une voiture autonome.
Comme le fait par exemple l'équipementier français Valeo, avec un véhicule standard, une Golf de Volkswagen, que Valéo a transformé et bardé de capteurs : 5 caméras, 4 radars et 6 scanners laser.
Un ingénieur reste en permanence derrière le volant, c'est la loi. La voiture accélère, freine et change de file sans intervention humaine. Même quand le code de la route n'est pas respecté, par exemple, lorsqu'une voiture devant fait une queue de poisson.
Il y a pas mal de circonstances dans lesquelles aujourd'hui il n'y a pas de réponses techniques pour la voiture autonome.
La démonstration est efficace mais ce prototype ne peut rouler seul que sur le périphérique. Comme la majorité des prototypes en circulation, il n'est pas 100% autonome.
Guillaume Devauchelle, le directeur de l'innovation chez Valeo explique à TV5MONDE qu'"il y a pas mal de circonstances dans lesquelles aujourd'hui il n'y a pas de réponses techniques, en particulier dans une circulation urbaine dense à 50 km/h. Là, il faut surveiller des centaines de piétons. Et pour le moment, on ne sait pas le faire."
Les autorités européennes ont défini 5 niveaux réglementaires :
Niveau 0 : aucune assistance à la conduite
Niveau 2 : certaines fonctions sont automatiques, comme le freinage ou l'accélération.
A partir du niveau 4, le conducteur devient optionnel.
Le niveau 5 -sans volant- n'est pas encore possible techniquement.
Ce niveau de total autonomie n'est pas non plus possible légalement. Car bien des questions demeurent : qui est responsable en cas d'accident ; le propriétaire ou le constructeur de la voiture ? Quel choix doit opérer l'intelligence artificielle ; écraser des piétons ou sacrifier son conducteur ?
Aux Etats-Unis, ces interrogations sont plus brûlantes que jamais après une série d'accidents dont deux mortels ces derniers mois.
Pas de quoi ralentir la recherche pour autant. Dans la banlieue de Lyon, une entreprise, Navya, développe l'usage collectif des véhicules autonomes. Avec une navette, elle aussi sans assistance humaine. Le modèle transporte 15 personnes en toute autonomie depuis 2 ans dans le quartier appelé Confluence, à une vitesse très limitée et sur un parcours défini à l'avance. Un opérateur doit rester à bord en permanence malgré tout, comme l'exigent les autorités.
Malgré ces contraintes, 65 mini-bus comme celui-ci circulent déjà dans plusieurs pays du monde. Un marché qui a permis au constructeur de passer de 10 à 220 employés en seulement 4 ans. Quatre exemplaires peuvent être fabriqués chaque semaine dans l'usine flambant neuve de Navya.
De moins en moins d'intérêt à posséder son propre véhicule.
Un garage haute technologie où se cache aussi un projet de taxi sans volant. Ambition de l'entreprise : faire disparaître l'usage individuel au profit de véhicules partagés.
Pour Diego Isaac, le directeur marketing de Navya, "on va avoir de moins en moins d'intérêt à posséder son propre véhicule. Aujourd'hui, avoir son propre véhicule, cela a un coût important, pour un véhicule dont on se sert moins de 5% de son temps. Alors que je vais pouvoir avoir accès à des solutions de mobilité grâce à mon smartphone que je payerai à l'usage, comme un service, et qui vont être beaucoup moins chères."
Des taxi-robots partout sur les routes... à moins que ce ne soit la voie des airs qui soit finalement la plus porteuse dans les prochaines années. Des prototypes de taxis volants sont déjà testés dans plusieurs points du globe.