Pour cet acte III de la mobilisation des "Gilets Jaunes", TV5MONDE a passé la journée du samedi 1er décembre avec un groupe de Gilets Jaunes venus de Montargis, à 100 kilomètres au sud de la capitale française. Rencontre avec des Français déterminés à améliorer leur pouvoir d'achat, au sein de ce mouvement défiant de la classe politique, des médias et des syndicats.
Ils sont partis de Montargis à 4 heures du matin. Cet acte III de la mobilisation, ils ne l'auraient manqué pour rien au monde. Comme samedi dernier, Jérémy Clément, 41 ans, vient faire entendre sa colère à Paris, près du pouvoir politique. Jéremy a créé une entreprise de rénovation de bâtiment il y a deux ans. Il paie deux employés et peine à dégager 1 300 euros par mois pour son propre salaire.
Jéremy est un déçu d'Emmanuel Macron. Il attend des mesures concrètes sur le pouvoir d'achat "maintenant, pas dans 3 mois". La diminution des charges pour les entreprises ou l'augmentation du smic ont animé les discussions des Gilets jaunes ce samedi matin.
En deux semaines, Jéremy est devenu une figure médiatique, le porte-voix de cette France, jusqu'à présent docile, et silencieuse, celle, dit-il, "qui paie ses factures".
Stéphanie, peu habituée aux manifestations, réceptionniste au chômage depuis six ans, vit avec ses trois enfants, avec 1 400 euros par mois.
Stéphanie est venue à Paris en covoiturage avec son amie Sandrine, elle aussi mère de trois enfants. Comme la plupart des personnes de Montargis rencontrées ce samedi matin, Sandrine Sparton, femme au foyer, se dit apolitique.
Elle a voté blanc lors de la dernière élection présidentielle et se sent exclue par les élus et le gouvernement. Les revenus de son foyer ? Un salaire, pour cinq, pour 5, celui de son mari ouvrier.
Mais le rassemblement pacifique que Sandrine, et d'autres Gilets jaunes, appellent de leurs voeux a vite tourné court. Jéremy est consterné par cette situation. À l'issue de cette manifestation, des dizaines de personnes ont été blessées et plus de 150 interpellées.
Le groupe de Montargis n'a pas pu accéder à l'Avenue des Champs-Élysées, mais sa motivation reste intacte ; Jérémy souhaiterait par exemple qu'un millier d'antennes locales de Gilets jaunes soient créées partout en France.