Et les rebelles ? On parle d'une rébellion très hétéroclite, de guerre sainte...
Oui au départ, il y a eu ces manifestations il y a 20 mois, qui ont été terriblement réprimées mais, après, la révolution s’est militarisée, c’est devenu une guerre, une guerre de position. Alors tu as cette fameuse armée libre de Syrie qui n’a pas de commandement unique, elle a peut-être des structures, et tu as cette coalition, mais les gens sur le terrain, ils te le disent, « c’est de la merde, de l’encre sur le papier, nous on négocie avec les commandants de katiba, les gens qui sont sur le terrain, les commandants de l’armée libre oui ils viennent de temps en temps nous visiter mais ils ne nous donnent pas d’ordres, ils ne connaissent pas la situation, la situation c’est nous qui la connaissons ». Généralement, les rebelles sont dans leur quartier, celui où ils vivaient. Ensuite il y a des brigades qui se réclament de l’Islam et qui ne reconnaissent pas l’armée libre, comme les brigades de la paix qu’on a rencontrées, ce sont clairement des formations islamistes, on les entend crier "le djihad le djihad le djihad !" et les enseignements du prophète. Mais ce ne sont pas les plus durs, parce que tu as aussi les « Djihadistes », par exemple Le front de la victoire, ils viennent de partout, de Lybie, du Maroc de Tchétchénie, d’Algérie, des sortes de désespérados qui viennent parce qu’ils sont persuadés qu’ils sont sur une terre de djihad… ils ont le même modus operandi qu’Al-Qaïda, ils vivent seuls, ils ne se mélangent pas aux autres, ils mènent des opérations tous seuls, des opérations très audacieuses, ils sont dans Alep, ils ont commis des attentats à Damas, on voit qu’ils sont nombreux et partout. Alors ces gens-là on les accepte mais leur Islam ne correspond pas à l’Islam syrien, c’est clair que l’Islam qu’on a rencontré chez les rebelles est infiniment moins conservateur et moins violent, il y a donc différents degrés dans la référence à l’Islam dans le combat. Mais en même temps les rebelles les admirent pour leur courage, pour leurs armes, leur argent, leur force à aller au combat, ce sont des guerriers, ce sont des gens qui ont une expérience qui pèse dans le conflit et aujourd’hui chez les rebelles toute aide est bienvenue, ils nous ont dit « le monde occidental ne nous aide pas alors nous disons merci à tous ceux qui nous aide », y’en a même un qui disait « chaque jour qui passe en l’absence de l’aide de la communauté internationale renforce le pouvoir des Islamistes, ce sont les Islamistes qui capitalisent parce qu’ils sont perçus comme les sauveurs ».