Samedi 26 janvier 2013, les Tchèques ont choisi pour chef de l'Etat un vétéran de la politique. Avec Vaclav Havel et Vaclav Klaus, Milos Zeman, élu à 54,8 % des voix, est l'un des piliers de la république depuis la chute du communisme. Ce partisan de "l'économie sociale de marché" est aussi réputé pour son opiniâtreté et son vocabulaire musclé.
Milos Zeman, élu président de la République tchèque le 26 janvier 2013 (AFP)
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Vétéran de la gauche
Adhérent du parti communiste dès 1968, il en est exclu en 1970. Ses amis admirent le courage avec lequel, à l'époque, il critiquait l'économie communiste. Après la "Révolution de velours" de 1989, il adhère au parti social-démocrate CSSD. Il en devient le chef en 1993 et le transforme en une force politique incontournable. Premier ministre social-démocrate de 1998 à 2000, il vit depuis 2002 une retraite paisible dans un village loin de la métropole, d'où il n'a jamais cessé de tirer les ficelles du pouvoir en coulisses.
Alliances et pragmatisme
Milos Zeman fut longtemps considéré comme l'ennemi juré de Vaclav Klaus, successivement ministre des Finances, chef du gouvernement (1993-1997), puis président de la Chambre des députés (1998-2002), avant d'accéder à la tête de l'Etat en 2003. Il n'hésite pourtant pas à conclure avec lui un "pacte de stabilité". Accord qui permet à Milos Zeman, alors chef de la chambre basse, de mettre en place, en 1998, son gouvernement minoritaire en échange de la présidence des deux chambres du Parlement pour le parti de droite ODS de M. Klaus. En 2003, il brigue sans succès la présidence du pays. En 2007, il quitte le CSSD pour fonder en 2010 le "Parti des droits du citoyen" (SPOZ). Outre son discours parfois jugé populiste, ses détracteurs lui reprochent de prêter l'oreille à son conseiller Miroslav Slouf, ex-apparatchik communiste recyclé en lobbyiste controversé.
Un bon vivant au langage fleuri
Né le 28 septembre 1944 à Kolin, près de Prague, cet homme jovial, aux cheveux blancs et au sourire ironique est marié à Ivana, 47 ans ; il est père d'un fils issu de son premier mariage et d'une fille. Fidèle à la tradition tchèque, Milos Zeman affiche sa passion pour la bière et la liqueur locale Becherovka. Il n'a pas la réputation de s'embarrasser de nuances : selon lui, les journalistes sont de la "camelote" et du "fumier". La bière slovaque "n'est bonne qu'à laver les dentiers" et les militants écologistes "nuisent à la nature plus que le scolyte (insecte s'attaquant aux arbres)". En 2002, il compare dans un entretien le président palestinien Yasser Arafat au dirigeant nazi Adolf Hitler… pour dénoncer ensuite une erreur de ponctuation qui aurait faussé sa réponse.