À Riyad, Donald Trump lève les sanctions contre la Syrie et fait le plein de gros contrats

Mardi 13 mai 2025, Donald Trump et le prince héritier saoudien ont affiché une amitié éclatante en Arabie saoudite. Le président américain a décroché des contrats colossaux et concédé des gestes diplomatiques, au premier rang desquels la levée des sanctions américaines visant la Syrie. 

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Riyad

Le président Donald Trump et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane se serrent la main après avoir échangé des documents lors d'une cérémonie de signature au Palais royal de Riyad.

AP Photo / Alex Brandon
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Reçu avec tous les égards à Riyad, le président républicain, accompagné de plusieurs grands patrons dont son allié Elon Musk, a signé mardi 13 mai 2025 avec le prince héritier Mohammed ben Salmane un "partenariat économique stratégique".

L'exécutif américain a estimé le montant revenant aux États-Unis à 600 milliards de dollars.

Fidèle à son approche diplomatique transactionnelle, Donald Trump, a créé la surprise en annonçant la levée des sanctions américaines contre la Syrie, à la veille d'une rencontre, même brève, avec le président Ahmad al-Chareh en Arabie saoudite. 

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"Je vais ordonner l'arrêt des sanctions contre la Syrie pour leur donner une chance de grandeur", a dit le président américain, en indiquant être parvenu à cette décision après des demandes pressantes de son hôte, Mohammed ben Salmane. Damas s'est félicité d'un "tournant décisif"

Le prince héritier saoudien a réservé au milliardaire républicain de 78 ans, sensible à la pompe protocolaire, un accueil sur mesure, avec escorte d'avions de combat, garde à cheval et fastes royaux.

La cordialité évidente entre les deux hommes, que l'on a vu deviser avec animation et force sourires, a marqué la journée. "Je pense vraiment que nous nous apprécions beaucoup", a insisté Donald Trump. 

Alors que Riyad martèle qu'aucun progrès n'est envisageable sans l'établissement d'un État palestinien, le président a dit avoir "l'espoir fervent" que l'Arabie saoudite normalise ses relations avec Israël dans le cadre dit des "accords d'Abraham". "Mais vous le ferez à votre propre rythme", a-t-il ajouté prudemment.

"Pression maximale"

Concernant l'Iran, Donald Trump s'est dit prêt à exercer "une pression maximale" si Téhéran refuse "le rameau d'olivier" qu'il estime lui tendre avec les discussions pour un accord sur le nucléaire iranien. Dans le même temps, il a dit vouloir offrir une "nouvelle voie" aux dirigeants iraniens, en ajoutant : "Je n'ai jamais été favorable à avoir des ennemis perpétuels".

La tournée du président américain doit ensuite l'emmener au Qatar puis aux Émirats arabes unis. 

Si l'on excepte un aller-retour à Rome pour les funérailles du pape François, il s'agit du premier déplacement majeur à l'étranger depuis le début du second mandat. Huit ans plus tôt, Donald Trump avait déjà choisi le royaume saoudien pour son premier voyage international. 

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La décision de faire passer à nouveau les riches monarchies pétrolières et gazières du Golfe avant ses alliés occidentaux reflète leur rôle géopolitique croissant et leur immense potentiel économique. 

Parmi les contrats annoncés, l'Arabie saoudite doit, selon un communiqué américain, acheter pour 142 milliards de dollars d'équipements militaires "de pointe".

La Maison Blanche a aussi annoncé des accords dans l'intelligence artificielle, les technologies et l'énergie.

Cadeau qatari et scandale politique

L'enjeu pour les pays du Golfe est de s'assurer le soutien d'un président impulsif, qui prône un désengagement militaire et stratégique des États-Unis, en dehors des environs géographiques immédiats de la première puissance mondiale.

Venu pour faire des "deals", son activité favorite, Donald Trump n'a donc pas pu éviter les sujets brûlants, comme Gaza. Sans guère plus évoquer son projet de développement immobilier du territoire par les Américains, il eu un message pour les Palestiniens, qui selon lui "méritent un meilleur avenir mais cela ne pourra pas avoir lieu tant que leurs dirigeants choisissent de kidnapper, torturer et viser" des innocents.

Le président américain s'est entretenu mardi 13 mai avec Edan Alexander, libéré la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a lui prévenu que l'armée israélienne entrerait "avec toute (sa) force" dans la bande de Gaza dans les jours à venir

Mercredi 14 mai, l'étape qatarie de Donald Trump s'annonce sûrement aussi chaleureuse, mais compliquée par un scandale politique. L'opposition démocrate aux États-Unis lui reproche d'avoir accepté "le plus gros pot-de-vin étranger de l'histoire récente".

La famille royale du Qatar a offert à Donald Trump un Boeing 747-8 pour remplacer au moins provisoirement son avion officiel, et pour l'utiliser après son mandat. Le président américain a répliqué que l'avion était un "cadeau temporaire".