Les Roms ne peuvent vivre que là où on les tolère, avec des moyens de plus en plus réduits, dans une précarité croissante puisqu'ils doivent repartir de zéro après chaque expulsion d'un campement, sans solution durable de relogement de la part de l'Etat. Lola Schulman, coordinatrice du CNDHR (
Collectif National Droits de l’Homme Romeurope) pointe cette spirale infernale qui augmente les problèmes au lieu de les régler : "A chaque expulsion les biens des gens sont détruits, très souvent ils perdent tout. Tout est à recommencer, même parfois les papiers administratifs, comme les carnets de vaccination. Il y a des conséquences sanitaires à ces expulsions, on perd la trace de gens avec des pathologies lourdes, et quand il y a relogement, ce sont seulement quelques nuitées d'hôtel, le plus souvent. Rien n'est réglé. Et cette politique dure depuis 20 ans, alors qu'elle est un échec". Pourtant, l'implantation
de villages d'intégration, comme celui de Lille, devrait être l'un des points de départ de la "stratégie d'intégration des Roms" française : la responsabilité des pouvoirs publics est donc au cœur de la problématique d'intégration de cette population européenne "sans territoire fixe". Ce que rappelle Lola Schulman, lorsqu'on lui demande ce que son association demande pour les Roms : "Nous demandons uniquement l'accès au droit commun !" Au delà du populisme ou de l'angélisme, des solutions existent pour permettre aux Roms de vivre dans des conditions décentes afin de leur offrir une place digne dans la société. Mais ces solutions requièrent "une prise en compte individualisée des personnes, de sortir de cette vision globale qui met toutes les personnes dans le même sac. On dit 'les Roms', alors qu'il y a des familles à qui il manque très peu pour se socialiser, s'intégrer, quand d'autres en sont plus loin", insiste la porte-parole de Romeurope. Ce que préconise le rapport d'information de M. Michel Billout au nom de la commission des affaires européennes (voir encadré).