Fil d'Ariane
Un navire chimiquier a été touché samedi 23 décembre au large de l'Inde par un "drone d'attaque tiré depuis l'Iran". Deux pétroliers et un destroyer américain naviguant en mer Rouge ont également été visés par des drones lancés par les rebelles Houthis au Yémen, selon l'armée américaine. Pour contrer cette menace, de nouvelles routes maritimes sont à l’étude.
Photo d'illustration du destroyer lance-missiles USS Carney dans la baie de Souda, en Grèce. Ce navire de guerre américain et plusieurs navires commerciaux ont été attaqués dimanche 3 décembre 2023 en mer Rouge, a indiqué le Pentagone.
Samedi 23 décembre au soir, un navire de guerre américain, le MV Chem Pluto situé en mer Rouge, a abattu quatre drones qui le visait. Ils avaient été lancés depuis des "zones contrôlées par les Houthis", selon le Pentagone. Le navire, qui navigue sous le pavillon du Liberia, appartient à une entreprise japonaise et est opéré par une compagnie néerlandaise, a-t-il précisé.
Dans le détail, l'attaque s'est produite à 10h00 locales (06h00 GMT) en mer d'Arabie, à 200 milles nautiques au sud-ouest du port indien de Veraval, dans l’État du Gujarat, ont indiqué Ambrey et l'agence de sécurité maritime britannique UKMTO. La marine indienne a dit avoir dépêché un avion et un navire de guerre pour assister le MV Chem Pluto.
Dans le même temps, deux pétroliers et un destroyer américain naviguant en mer Rouge ont également été visés par des drones. Ces cibles auraient été lancées par les rebelles Houthis au Yémen, toujours selon l'armée américaine.
Plus tard dans la journée, un pétrolier gabonais battant pavillon indien, le MV Saibaba, a aussi lancé un appel de détresse. Il a indiqué avoir été touché en mer Rouge par un drone tiré depuis des zones contrôlées par les Houthis au Yémen, rapporte le Commandement central américain (Centcom).
Un autre pétrolier, le MV Blaamanen, battant pavillon norvégien, a aussi été visé par un drone houthi. Mais cette fois-ci, il l'a manqué de peu, a ajouté le Centcom. Un destroyer américain patrouillant en mer Rouge, l'USS Laboon, a abattu quatre autres drones d'attaque qui le visaient, selon le Centcom.
Selon la firme de sécurité maritime Ambrey, le MV Chem Pluto, dernier navire en date à avoir été attaqué par les rebelles houthis en mer rouge, "est affilié à Israël". Il naviguerait entre l'Arabie saoudite et l'Inde, le Wall Street Journal affirmant pour sa part que la compagnie néerlandaise opérant le MV Chem Pluto "est liée au magnat israélien du transport maritime Idan Ofer".
Si la responsabilité de cette frappe n'a pas été établie dans l'immédiat, elle fait suite à une série d'une quinzaine d'attaques de drones et de missiles menées ces dernières semaines en mer Rouge par les rebelles Houthis du Yémen, soutenus par l'Iran, sur fond de guerre entre Israël et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza.
Les Houthis, qui contrôlent des pans entiers du territoire yéménite dont la capitale Sanaa, répètent qu'ils continueront leurs attaques tant que la nourriture et les médicaments ne rentreront pas en quantité suffisante dans la bande de Gaza assiégée et bombardée par Israël. Les Houthis font "partie de l'axe de la résistance" contre Israël, qui compte d'autres groupes soutenus par l'Iran, comme le Hamas ou le Hezbollah libanais.
La Maison Blanche a accusé l'Iran d'être "très impliqué dans la planification" des attaques des rebelles Houthis en leur livrant "des équipements militaires sophistiqués" et une "aide en matière de renseignement", sans laquelle les rebelles yéménites "auraient du mal à repérer et frapper" les bateaux.
Selon le Pentagone, l'Iran, allié des rebelles yéménites et du Hamas, donne des informations aux Houthis pour la planification de leurs attaques. L'Iran, qui admet son soutien politique aux Houthis, rejettent en bloc ces accusations. Téhéran a assuré que les rebelles agissent "en fonction de (leurs) propres décisions et capacités".
Les rebelles sont en guerre depuis 2014 contre le gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale. Mais, à ce jour, Téhéran dément fournir du matériel militaire aux rebelles.
Dans cette photo fournie par les rebelles Houthis, un hélicoptère des forces rebelles s'approche du cargo Galaxy Leader en Mer Rouge, au large des côtés yéménites le 19 novembre 2024.
La mer Rouge est une "autoroute" reliant la Méditerranée à l'océan Indien, et donc l'Europe à l'Asie. Environ 20 000 navires y transitent chaque année via le canal de Suez, ce qui représente environ 40% du commerce mondial.
Les attaques visant des navires commerciaux sont signalées depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée le 7 octobre dernier. La situation a incité les grandes compagnies maritimes à réorienter leurs navires vers la pointe sud de l'Afrique, malgré les coûts de carburant plus élevés pour des voyages beaucoup plus longs.
Ils devront bientôt s'attendre à la fermeture de la mer Méditerranée, de Gibraltar et d'autres voies navigables contre eux.
Mohammad Reza Naqdi, responsable des Gardiens de la Révolution iraniens
Samedi 23 décembre, un responsable iranien des Gardiens de la Révolution , Mohammad Reza Naqdi, a averti que d'autres voies de navigation deviendront impraticables si la guerre entre Israël et le Hamas se poursuit. "Avec la poursuite des crimes, l'Amérique et ses alliés doivent s'attendre à la naissance de nouveaux pouvoirs de résistance et à la fermeture d'autres voies navigables", a affirmé ce responsable cité par l'agence de presse iranienne Tasnim. "Ils devront bientôt s'attendre à la fermeture de la mer Méditerranée, de Gibraltar et d'autres voies navigables contre eux", a-t-il prévenu.
En parallèle, les États-Unis ont annoncé le 18 décembre la formation d'une coalition pour défendre le trafic maritime en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, à laquelle se sont ralliés depuis une vingtaine de pays.