Royaume-Uni : le Parlement approuve une mesure clé de l'accord sur le statut post-Brexit de l'Irlande du Nord

Les députés britanniques ont approuvé ce 22 mars une mesure essentielle de l'accord conclu entre Londres et Bruxelles pour l'Irlande du Nord post-Brexit, marquant une large victoire du Premier ministre Rishi Sunak face à certains conservateurs, dont Boris Johnson.
 
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Le Premier ministre Rishi Sunak répond aux questions de la chambre des Communes ce 22 mars 2022.
Le Premier ministre Rishi Sunak répond aux questions de la chambre des Communes ce 22 mars 2022.
© Roger Harris/UK Parliament via AP
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Avec ce vote - obtenu à une très large majorité de 515 voix pour et 29 contre - Londres espère pouvoir avancer dans la mise en place de cet accord, baptisé 'cadre de Windsor', et signé début mars entre le Premier ministre Rishi Sunak et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Voir : Irlande du Nord : Rishi Sunak monte sur le ring
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Il espère aussi pouvoir débloquer la crise politique qui paralyse l'Irlande du Nord depuis près d'un an, le parti unioniste DUP boycottant les institutions locales pour protester contre le statut de la province depuis le Brexit.

La mesure adoptée ce 22 mars, appelée frein de Stormon du nom du bâtiment abritant le Parlement nord-irlandais, permettra aux députés de la province de bloquer l'application de nouvelles règles commerciales votées à Bruxelles et susceptibles de s'appliquer en Irlande du Nord.

Ce vote est une victoire pour le Rishi Sunak et signe la perte d'influence au sein du parti conservateur de ses membres les plus eurosceptiques, très critiques envers la volonté de Sunak d'apaiser ses relations avec l'UE.

Lire : Brexit : que contient le "cadre de Windsor" qui met fin aux tensions en Irlande du Nord ?

"Le cadre de Windsor est un bon accord pour la population, les familles et les entreprises d'Irlande du Nord", avait défendu le Premier ministre Rishi Sunak lors de la séance hebdomadaire de questions au Parlement en amont du vote. "Il restaure l'équilibre de l'accord du Vendredi Saint (signé en 1998 pour mettre fin aux Troubles en Irlande du Nord) et assure la place de l'Irlande du Nord dans notre précieuse Union", avait-il ajouté.

L'issue du vote laissait peu de doute, la majorité des conservateurs et l'opposition travailliste ayant annoncé soutenir l'accord.
"Il est impossible de nier que c'est un progrès par rapport à la situation actuelle", a ainsi affirmé le député travailliste chargé de l'Irlande du Nord Peter Kyle, durant le débat sur le texte.

Mais le vote a réveillé les divisions au sein du parti conservateur sur l'application du Brexit, et 22 de ses députés se sont prononcés contre le texte.
Une douzaine de conservateurs eurosceptiques réunis au sein du Groupe pour la recherche européenne (ERG) avait mardi fermement critiqué le texte et l'absence d'un vote sur l'ensemble du cadre de Windsor. Hors de ce groupe, les anciens Premier ministre Boris Johnson et Liz Truss ont aussi voté contre le texte, tandis que 48 autres députés Tories n'ont pas pris part au vote.

"Indispensable"

"C'est inacceptable. Je voterai contre les arrangements proposés", a affirmé Boris Johnson dans un communiqué quelques heures avant le vote, et avant son audition par une commission parlementaire sur le scandale des fêtes organisées à Downing Street durant la pandémie de Covid-19.

Voir : Royaume-Uni : Boris Johnson joue son avenir politique
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Le cadre de Windsor modifie le protocole nord-irlandais sur les dispositions post-Brexit dans la province britannique, négocié dans le cadre du Brexit.
En Irlande du Nord, ce protocole était fortement critiqué par le parti unioniste DUP, trés attaché à l'appartenance de la province au Royaume-Uni. Mais le DUP a aussi dénoncé le nouvel accord entre Londres et Bruxelles réformant le protocole, estimant qu'il n'offrait pas de garanties suffisantes en matière de souveraineté de la province vis-à-vis des règles européennes.

Ce 22 mars, le gouvernement britannique a réitéré ses appels à rétablir les institutions locales.
La disposition sur le frein de Stormont "rend encore plus indispensable le fonctionnement des institutions dévolues en Irlande du Nord. Ces mesures ne seront applicables que lorsque les institutions seront restaurées", a ainsi plaidé Chris Heaton-Harris durant le débat.

"Nous voulons parvenir à la restauration du gouvernement dévolu d'Irlande du Nord" lui a répondu Jeffrey Donaldson, le chef du DUP, mais il a dit attendre du gouvernement qu'il "travaille (...) pour obtenir les améliorations supplémentaires dont nous avons besoin".