Royaume-Uni : l'expulsion de demandeurs d'asile au Rwanda attaquée en justice par des associations

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royaume-uni - manifestation anti expulsion migrants vers le rwanda
Des pancartes d'opposition à l'expulsion de migrants vers le Rwanda sont installées devant la Haute cour de justice du Royaume-Uni. Londres,  13 juin 2022.
AP/Alastair Grant
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La justice britannique examine les recours d'associations contre le projet hautement controversé d'expulser des demandeurs d'asile vers le Rwanda. Cette réforme doit permettre de lutter contre l’immigration clandestine. Ces dernières semaines, un nombre record de traversées illégales de la Manche ont été enregistrées.
 
Avant de quitter la présidence du Parti conservateur, Boris Johnson avait fait de la lutte contre les traversées illégales de migrants à bord de petites embarcations l’un de ses dernières batailles. Ces traversées étaient alors en constante augmentation. 

Selon l’ancien dirigeant britannique, il s’agit surtout de tenir l'une de ses promesses du Brexit : celle de mettre un terme à l'immigration clandestine. Le gouvernement conservateur a donc conclu en avril dernier un accord avec le Rwanda.
 

Le Rwanda accusé d’être un “État autoritaire”

Une décision largement critiquée par des militants pour le respect des droits des migrants. Plusieurs associations ont déposé un recours devant la Haute Cour de Londres. Leur examen est prévu sur cinq jours. 

L'avocat de plusieurs requérants, Raza Husain, a ainsi accusé le Rwanda d'être un "État autoritaire". Il accuse le "régime" de Kigali de torturer et tuer "ceux qu'il considère comme ses opposants". Avant le début de l'audience, le secrétaire général du syndicat PCS Mark Serwotka a jugé l'expulsion de migrants vers le Rwanda "non seulement immorale mais illégale". Il exhorte le ministère de l'Intérieur britannique à "abandonner son approche hostile envers les réfugiés".

La fondatrice de l'association Care4Calais Clare Moseley a quant à elle évoqué les tentatives de suicide et grèves de la faim des migrants. Une fois informés qu'ils seraient expulsés vers le Rwanda, ils seraient dans une situation de détresse.
 
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Liz Truss va poursuivre les expulsions au Rwanda

Cette politique visant les demandeurs d'asile arrivés illégalement sur le sol britannique est destinée à décourager les traversées de la Manche à bord de petites embarcations. Après un mois d'août record, le nombre de ces dangereuses traversées a atteint 1.160 sur 25 bateaux pour la journée de dimanche 4 septembre, selon le ministère de la Défense, dépassant les 1.000 pour la deuxième fois en deux semaines et portant le total depuis le début de l'année à 27.384. C'est presque autant que le total sur l'ensemble de l'an dernier (28.526).
 Ces traversées se sont multipliées depuis 2018 face au verrouillage croissant du port français de Calais et du tunnel sous la Manche. Un récent rapport parlementaire britannique estimait que le total pourrait atteindre cette année 60.000 traversées malgré les promesses répétées du gouvernement conservateur, qui, ayant fait du sujet une priorité depuis le Brexit, verse des millions à la France pour l'aider à renforcer la surveillance des côtes et multiplie les mesures pour durcir l'accueil des migrants.

Aucune de ces expulsions n'a encore eu lieu. Un premier vol prévu en juin a été annulé après une décision de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH). Liz Truss, élue à la tête du parti conservateur pour succéder à Boris Johnson, a déjà promis de poursuivre cette politique.