Le Parlement britannique a adopté, mercredi 1er mai, le texte proclamant "l'urgence climatique et écologique". Le vote intervient après une série d’actions de blocages organisées à Londres par le mouvement Extinction Rebellion. Qu'est-ce que cela signifie ?
Après le Brexit, les membres de la Chambre des Communes se sont consacrés à une autre urgence, climatique cette fois. Le Parlement britannique est le premier au monde à déclarer "l'urgence climatique et écologique". La motion a été adoptée hier par les députés, a annoncé le parti travailliste sur son compte Twitter.
"Grâce aux pressions du parti travailliste, le Royaume-Uni vient de devenir le premier pays à déclarer une urgence pour le climat et l’environnement, a indiqué le parti.
Le moment est venu de prendre des mesures concrètes pour lutter contre le changement climatique".
Série d'actions
Cette motion intervient après une série d'actions de blocages dans la capitale britannique par le mouvement de désobéissance civile non violente, Extinction Rebellion. Durant onze jours, les militants ont bloqué plusieurs sites très fréquentés de la capitale, mais aussi un
"die-in" au Musée d'histoire naturelle de Londres. Leur slogan "
Tell the truth" ("dites la vérité") a, pour l'instant, été écouté.
► Pour aller plus loin :
Extinction Rebellion : qui sont les "rebelles" de l'urgence climatique ?Pour Jonas, membre d'Extinction Rebellion France :
"c'est bien de voir une idée qui touche la population anglaise". Il ajoute :
"on attend de voir des actions beaucoup plus concrètes que des déclarations d'intention, et notamment en France".
Le vote est une chose, mais l'action en est une autre. Le mouvement a été en partie satisfait de cette décision. Via
leur compte Twitter, ses membres en ont profité pour rappeler leurs revendications :
"Nous devons maintenant stopper l’érosion de la biodiversité, aller vers zéro émission de carbone d’ici à 2025 et créer une assemblée citoyenne". La proclamation de l’urgence climatique n’aura pas de réelles conséquences sur la politique britannique. Néanmoins, militants et élus travaillistes espèrent jouer de son poids symbolique pour peser dans les futures décisions climatiques. Cette mesure a fait réagir les élus britanniques de tout bord. Michael Gove, le ministre conservateur de l’Environnement, a qualifié de "menace" l'urgence climatique en invitant tout le monde à s'unir "pour l’affronter".
La neutralité carbone d'ici 2050 ?
Les experts de la Commission britannique sur le changement climatique (CCC) ont publié un rapport, ce jeudi 2 mai. Un rapport qui intervient, lui aussi, après les séries d'actions menées par Extinction Rebellion, tout au long du mois d'avril.
Selon eux, la Grande-Bretagne devrait se fixer pour objectif, d’ici 2050, de réduire à néant ses émissions de gaz à effet de serre. Or, l’objectif actuel n'est de réduire les émissions de gaz à effet de serre qu'à 80% de ce qu’elles étaient en 1990. Pas suffisant donc.
Le rapport préconise un arrêt progressif des ventes de véhicules neufs à essence ou diesel d’ici à 2030 et par une réduction de 20% de la consommation de viande de boeuf et d’agneau, et de produits laitiers. Pour atteindre ce niveau, la commission estime que la Grande-Bretagne devrait investir entre 1 et 2% de son produit intérieur brut.
En France, toujours pas d'urgence climatique déclarée, malgré les actions d'ONG (comme celle
dans le quartier d'affaires de la Défense, le 19 avril dernier). Le 25 avril, le président avait énoncé dans son discours la mise en place d'un conseil de participation citoyenne composé de 150 citoyens tirés au sort, pour définir de nouvelles mesures en faveur de la transition écologique. Pour Jonas d'Extinction Rebellion, ce n'est pas assez.
"On avait vu Macron avec son slogan "Make Our Planet Great Again", qu'il n'a pas agit. Il ne s'agit que d'une façade, il n'y a rien de concret".