La démission de Boris Johnson de la tête du parti conservateur ouvre la voie à son remplacement aux fonctions de Premier ministre. Cinq candidats sont encore en lice, à quelques heures du premier débat télévisé. Parmi les prétendants, Penny Mordaunt, Rishi Sunak, ou encore Liz Truss font partie des successeurs possibles. On connaîtra le nouveau Premier ministre le 5 septembre.
La désignation du chef du parti Conservateur et, par conséquent, du nouveau ou de la nouvelle Premier ou Première ministre britannique va se faire en plusieurs étapes.
Ce mercredi 13 juillet, explique sur Twitter le correspondant de Radio France à Londres, les députés conservateurs votaient pour un premier tour de scrutin. À chaque tour, "des noms disparaîtront pour n'en garder que deux". Ce sont ensuite les adhérent.e.s qui choisiront lequel ou laquelle des deux finalistes prend la tête du parti Conservateur et devient, de fait, chef ou cheffe du gouvernement le 5 septembre 2022.
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À l'issue du dexuième tour, qui a eu lieu le jeudi 14 juillet, il reste encore cinq candidats dans la course pour le 10 Downing Street. Des favoris commencent à émerger
Penny Mordaunt, une figure pro-Brexit
Secrétaire d'État au Commerce extérieur, Penny Mordaunt, 49 ans, a été une figure de la campagne en faveur du Brexit en 2016 et oeuvre depuis à négocier des accords commerciaux.
Elle a été la première femme à devenir ministre de la Défense en mai 2019, un poste qu'elle quitte à l'arrivée de Boris Johnson au pouvoir, trois mois plus tard. Passée par les Finances publiques, elle est actuellement secrétaire d'Etat au Commerce extérieur.
Cette réserviste de la Royal Navy est considérée comme une bonne oratrice. Elle est récemment montée en popularité parmi les conservateurs. Après le deuxième tour de vote, elle se place en deuxième position derrière Rishi Sunak, avec 83 voix, et pourrait bien être une option sérieuse pour remplacer le Premier ministre. Surtout, elle est la candidate favorite des adhérents du parti, ce qui la place en tête de tous les sondages en cas d'accession au duel final.
Rishi Sunak, l'as de la finance
Premier hindou à ce poste, Rishi Sunak a démissionné avec fracas de son poste de Chancelier de l'Echiquier la semaine dernière, entraînant dans son sillage le départ d'une soixantaine de membres de l'exécutif.
Arrivé en tête des deux tours de scrutin avec 101 votes jeudi, il est donné favori malgré le récent scandale d'évasion fiscale qui a eclaboussé sa richissime épouse, l'héritière indienne Akshata Murty.
Rishi Sunak, dont les grands-parents ont émigré du nord de l'Inde au Royaume-Uni dans les années 1960, a été analyste chez Goldman Sachs, puis employé dans des fonds spéculatifs. Il a été élu député en 2015.
Ce défenseur du Brexit âgé de 42 ans est devenu en 2020 ministre des Finances mais a été critiqué pour son action insuffisante contre l'envolée des prix. Il s'était aussi attiré les foudres du public et de l'opposition pour son implication dans le scandale du Partygate avec Boris Johnson, ce qui pourrait lui coûter cher lors du face à face final.
Liz Truss, une championne du libre échange
Son franc-parler et sa volonté de s'immiscer dans les guerres culturelles ont rendu la ministre des Affaires étrangères Liz Truss plutôt populaire auprès de la base des Tories.
Lizz Truss, 46 ans, s'est vu confier ce poste délicat en récompense de son travail en tant que ministre du Commerce international. À ce poste, cette championne du libre-échange, qui avait voté en faveur d'un maintien dans l'Union européenne avant de changer de camp, a conclu une série d'accords commerciaux post-Brexit.
(Re)lire : une femme pour succéder à Boris Johnson ?Sa ligne dure concernant l'invasion de l'Ukraine ou ses menaces de se détacher de l'accord avec l'UE concernant l'Irlande du Nord plaisent à certains conservateurs.
Restée au gouvernement malgré l'exode massif des ministres la semaine dernière, elle est la candidate du camp Johnson, mais elle peine à fédérer autour de sa candidature.
Lors du deuxième tour jeudi, Liz Truss n'a récolté que 64 voix, mais elle espère encore obtenir le soutien de l'aile droite des Tories, notamment en cas d'abandon de Kemi Badenoch.
Kemi Badenoch, l'anti-woke
L'ancienne ministre britannique de l'égalité Kemi Badenoch fait partie de la soixantaine de membres de l'exécutif qui ont démissionné pour forcer Boris Johnson à quitter ses fonctions.
À 42 ans, a été critiquée par les membres du comité consultatif LGBT+ du gouvernement pour les retards dans l'interdiction des thérapies de conversion lorsqu'elle était ministre de l'Égalité.
Très à droite, cette Britannique d'origine nigériane entend incarner un positionnement "anti-woke" cher aux conservateurs. Elle promet notamment d'abandonner un projet de loi visant à réguler le harcèlement en ligne, affirmant que le gouvernement n'avait pas a légiférer pour les "sentiments froissés" des Britanniques.
Tom Tugendhat
Le président de la commission des Affaires étrangères à la chambre des Communes a été l'un des premiers à annoncer qu'il se présenterait si Boris Johnson était chassé du pouvoir.
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Ancien membre de l'armée britannique, Tom Tugendhat, 49 ans, a servi en Irak et en Afghanistan. Il a récemment affirmé sur Sky News que sa plus grosse erreur avait été "d'envahir un pays".
Il a adopté un positionnement centriste par rapport à ses concurrents et se présente comme le candidat de la crise du coût de la vie. Il cherche aussi à s'éloigner de Boris Johnson, qu'il n'a pas défendu lors du scandale du Partygate.