Fil d'Ariane
Le projet Akademik Lomonosov a débuté il y a plus de 10 ans et est basé sur des réacteurs testés dans les sous-marins et les brise-glace nucléaires russes. La puissance électrique de la centrale flottante Lomonosov est donc 20 fois inférieure à ses équivalents installés sur terre : 70 MW seulement, contre 1450 MW pour les centrales nucléaires à eau pressurisée, les plus courantes dans le monde.
L’impact de cette centrale sur l’environnement n’a pour le moment pas été évalué
Jan Haverkamp, spécialiste du nucléaire pour Greenpeace Europe centrale et orientale
Les autorités russes estiment que leur système de centrale flottante est parfaitement sûr, expliquant qu'ils l'ont conçu à la suite d'un accident d'un sous-marin nucléaire, le Koursk, qui avait sombré en mer de Barents en 2000 : après une explosion, le submersible s’était rempli d’eau et avait coulé, mais le réacteur avait résisté. Les spécialistes avaient alors découvert un réacteur nucléaire intact prêt à reprendre du service…
L'ONG de protection de l'environnement Greenpeace rappelle sur son site que la centrale flottrante russe, équipée de deux réacteurs nucléaires, n'est pas soumise aux tests et protocoles de sécurité obligatoires pour les centrales terrestres : aucune évaluation appropriée des risques n’a été effectuée :
"Le démarrage d’un réacteur nucléaire – surtout lorsqu’il s’agit d’un prototype flottant dépourvu d’enceinte en béton – constitue toujours une phase dangereuse dans le cycle de fonctionnement d’une centrale nucléaire. Tous les tubes sont-ils étanches ? Chaque soudure résistera-t-elle aux contraintes et à la pression ? L’arrêt d’urgence fonctionne-t-il ? "
Le cimetière de sous-marins nucléaires russes dans la baie d’Andreyeva, près de Mourmansk en mer de Barents est dans tous les esprits : malgré une opération de traitement des déchêts débutée l'été dernier, la Russie a laissé une catastrophe écologique s'opérer sur plus de vingt ans. Ce site était déjà surnommé le "Tchernobyl flottant".
En Russie, des centrales nucléaires comparables sur des brise-glaces et des bateaux de guerre ont déjà provoqué des accidents, totalisant 29 décès.Article Greenpeace, le 7 septembre 2017
Comment les centrales nucléaires flottantes comme l'Akademik Lomonosov seront démantelées, leurs déchêts traités ? Quels sont les risques de pollution radioactives ? Les pays voisins, telle la Finlande et la Norvège s'en inquiètent : le gouvernement norvégien a fait part de son inquiétude et la Finlande a même envoyé son directeur de la sécurité nucléaire à Saint-Pétersbourg pour évaluer la situation sur place. Selon Greenpeace "d’autres pays ne devraient pas tarder à demander une évaluation de l’impact environnemental de ce projet."