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©TV5Monde/Stephane Leroyer
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Russie : Navalny et plus d'un millier de ses partisans interpellés

L'opposant numéro un au Kremlin, Alexeï Navalny, et plus d'un millier de ses partisans ont été interpellés lundi alors qu'ils défiaient Vladimir Poutine dans toute la Russie lors d'une journée de mobilisation contre la corruption. 
 
L'opposant numéro un au Kremlin, Alexeï Navalny, et plus d'un millier de ses partisans ont été interpellés lundi alors qu'ils défiaient Vladimir Poutine dans toute la Russie lors d'une journée de mobilisation contre la corruption. 
Après des manifestations d'une ampleur inattendue le 26 mars, des milliers de Russes, souvent très jeunes, ont scandé "La Russie sans Poutine!" dans des dizaines de villes, y compris près du Kremlin à Moscou où les forces anti-émeutes ont dispersé la foule parfois à coups de matraque.
L'ONG spécialisée OVD-Info a indiqué à l'AFP avoir compté au moins 770 interpellations à Moscou et au moins 200 à Saint-Pétersbourg (nord-ouest), précisant qu'il s'agissait de données provisoires. Elle avait auparavant fait état sur Twitter de plus d'une centaine d'arrestations dans des villes de province, de Vladivostok (Extrême-Orient) à l'enclave de Kaliningrad (Baltique) en passant par Norilsk (Grand Nord) et Sotchi (Sud).
La Maison Blanche a condamné "avec force" ces interpellations et reclamé la "libération immédiate" des manifestants, son parole-parole Sean Spicer estimant que "les Russes méritent un gouvernement qui soutienne (...) la possibilité d'exercer leurs droits sans crainte ou représailles".
Le président du Parlement européen Antonio Tajani a lui fait part de "son inquiétude" à la suite de l'arrestation de M. Navalny, et l'ONG Amnesty International a dénoncé des "scènes alarmantes" d'interpellations et violences envers les manifestants.
Interpellé dès la sortie de son domicile, Alexeï Navalny, qui compte se présenter contre Vladimir Poutine à la présidentielle de mars, comparaissait lundi soir devant un juge.
Selon son avocat Vadim Kobzev, il encourt 30 jours de rétention administrative pour violation des règles encadrant l'organisation de manifestations.
Interrogé sur la rue Tverskaïa qui débouche sur le Kremlin, Alexandre Tiourine, manifestant de 41 ans, a dénoncé le fait que "Poutine se trouve au pouvoir depuis 17 ans et ne compte pas en partir".
"Il a usurpé le pouvoir, il y a une absence totale de société civile dans le pays, les tribunaux ne fonctionnent pas, la corruption s'est transformée en système", a-t-il ajouté.
                  
- Pression sur les jeunes -                  
                  
L'opposant numéro un au Kremlin avait déjà passé 15 jours en détention après avoir été interpellé, comme un millier de ses partisans, lors de rassemblements similaires le 26 mars. 
Cette mobilisation, d'une ampleur inédite depuis plusieurs années, suivait la publication par l'équipe de M. Navalny d'un film-enquête accusant le Premier ministre Dmitri Medvedev de se trouver à la tête d'un empire immobilier financé par des oligarques.
Les rassemblements de lundi présentaient un caractère très symbolique, organisé lors du jour férié où le pays commémore sa proclamation d'indépendance en 1990 avant la chute de l'URSS.
Dans la capitale, un rassemblement avait été autorisé dans le nord-est, mais Alexeï Navalny a décidé de le déplacer au centre ville car selon lui les autorités empêchaient les prestataires de lui louer une scène et des équipements sonores.
La police a compté 1.800 personnes à l'emplacement prévu initialement et environ 4.500 sur la rue Tverskaïa, où les manifestants se sont mêlés aux animations historiques prévues à l'occasion du jour férié.
Quelques centaines de mètres plus loin, de l'autre côté des murs du Kremlin, Vladimir Poutine faisait visiter son bureau à des écoliers à qui il venait de remettre leur première carte d'identité, à peine plus jeunes que de nombreux protestataires opposés aux forces antiémeutes.
"Nous voulons une alternance comme dans tous les pays normaux (...) Nous voulons une réponse des autorités", a expliqué Iégor, 16 ans, qui portait une pancarte "La corruption vole le futur" et se disait prêt à une éventuelle arrestation.
"Dans n'importe quel pays, il y a besoin d'une opposition pour contrôler les actes du pouvoir", a insisté Arséni, lycéen de 16 ans également.
Avant les manifestations de lundi, l'équipe d'Alexeï Navalny ainsi que l'ONG Human Rights Watch avaient dénoncé des pressions de la part des universités ou des écoles pour dissuader les jeunes de manifester, avec parfois des menaces d'exclusion.