Charmeur Avant l’annonce officielle de cet accord du week-end dernier, Lavrov est le premier à entrer dans la salle de presse et à venir discuter de manière décontractée avec les journalistes russes présentes. On le voit charmeur, au milieu d’un groupe de femmes. Accessible, il accepte avec humour sa
caricature dessinée par un journaliste de la chaîne américaine Fox . L’homme sait y faire. "Il sait successivement faire preuve d'humour, raconte le journaliste Piotr Smolar, puis de la fermeté la plus résolue et de l'intransigeance la plus totale. Le double langage n'a aucun secret pour lui. Sa promotion constante du Conseil de sécurité est évidemment liée au veto que la Russie peut brandir en permanence.” Se saisissant de l’imbroglio diplomatique, le ministre des Affaires étrangères russe a apporté une nouvelle fois la preuve de son talent de négociateur, plaçant ainsi la Russie au cœur de la scène internationale diplomatique. " C’est un bon professionnel. Quand il défend une bonne politique, il le fait avec un certain brio, analyse le journaliste russe Andreï Gratchev. Quand il s’agit de la mauvaise politique, il parvient à minimiser les dégâts. " A 63 ans, l’homme originaire de Géorgie d’une famille arménienne, incarne la brillante diplomatie soviétique. Diplômé de l’Institut des relations internationales de Moscou (
MGIMO), tout de même moins prestigieux que l’
Imemo (Institut du monde économique et des relations internationales) cursus habituel des diplomates, il fait ses premiers pas à l’ambassade soviétique au Sri Lanka. Dès 1981, il fait déjà parti de la représentation soviétique aux Nations unies. Après un poste de vice-ministre en 1992, il retourne à New York, promu représentant permanent de son pays à l’ONU. Pendant dix ans à ce poste, Lavrov va faire preuve de ses qualités de négociateur intransigeant rompu aux arcanes du pouvoir. Intraitable, il est difficile de lui imposer sa loi en négociation… et dans les couloirs de l’organisation. Fumeur invétéré, il refuse de se soumettre en 2003 à l’interdiction de fumer dans les locaux de l’ONU pourtant prononcée par le secrétaire général de l’époque, Kofi Annan.