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Russie : Vladimir Poutine sort la "grosse artillerie"

Le 1er mars, dans son adresse annuelle à la nation, Vladimir Poutine a vanté les progrès militaires de son pays. Une manière pour le chef d'État russe de montrer au reste du monde l'inefficacité des sanctions américaines mais aussi sa volonté de s'opposer au réarmement de l'Europe et à l'attitude jugée belliqueuse des États-Unis.

"L'histoire se répète. Comme autrefois, comme toujours, on ne peut vaincre que par la force des armes, le massacre et la trahison." Cette citation de l'auteure Alice Séguin-Le Guillier (dans son livre Le flambeau sacré, signé du pseudonyme Mariline) aurait pu inspirer le discours de Vladimir Poutine. Lors de son discours à la nation, à Moscou, le président russe a présenté pendant près d'une heure le nouvel arsenal de la Russie.

Une démonstration de force appuyée par des images réelles et en 3D devant un auditoire de 1500 invités. Pour un peu, on se serait cru de retour en pleine Guerre Froide. Certaines lignes du discours présidentiel rappellent d'ailleurs des prises de position des dirigeants de cette époque :

Nous n'avons jamais eu et n'avons pas l'intention d'utiliser ce potentiel à des fins offensives ou agressives et nous n'avons aucun plan pour attaquer qui que ce soit. La puissance militaire croissante de la Russie est une garantie de paix sur notre planète.

Vladimir Poutine, président russe

Vladimir Poutine l'affirme, ce discours n'était qu'une réponse à la nouvelle stratégie nucléaire adoptée par les États-Unis et aux "activités belliqueuses" de l'OTAN.

    > En savoir plus dans notre article : Etats-Unis : frappes préventives et mini-bombes nucléaires comme nouvelle politique du Pentagone ?

En amont de l'annonce du président Poutine, Sputnik dénonçait dans un article le réarmement de l'Europe par les États-Unis, une information relayée en simultanée par Russia Today.

Vladimir Poutine a donc présenté de nombreuses avancées militaires comme un système de défense hypersonique et un missile de croisière nucléaire à "portée illimitée" et indétectable. Mais les véritables révélations de ce discours portaient surtout sur "minisubmersible" plus rapide qu'un sous-marin et une mystérieuse "arme laser" dont "il est encore trop tôt pour en évoquer les détails". Arme laser... Sur le papier, l'idée rappelle le programme militaire "guerre des étoiles" de Ronald Reagan du début des années 80.

Tour de force géopolitique ou stratégie électorale ?

À qui s'adressait vraiment Vladimir Poutine ? Son annonce a évidemment soulevé de nombreuses réactions officielles des nations étrangères. Certes, l'indignation était présente dans ces communiqués officielles. Cependant, personne ne semblait être surpris, à l'image de Heather Nauert, la porte-parole du département d'État américain : "Le président Poutine a confirmé ce que le gouvernement américain savait depuis longtemps : la Russie développe depuis plus de 10 ans des systèmes d'armes déstabilisateurs, en violation directe des obligations découlant des traités." 

Au vu des réactions internationales mitigées, on peut penser que Vladimir Poutine s'adressait avant tout aux Russes ; il ne faut pas oublier que l'élection présidentielle russe se tient dans deux semaines. Les sondages créditent le président sortant de 70% d'intentions de vote mais il souhaite faire un plus gros score. En affirmant sa force et la force restaurée de la Russie, Vladimir Poutine joue sur la corde qui a fait sa popularité dans son pays : il est l'homme de la situation, le seul à même de continuer le redressement de sa nation et le seul qui s'opposera aux nations occidentales. 

Au final, qu'importe ses intentions : Poutine continue d'asseoir la Russie comme une force incontournable de l'échiquier géopolitique mondial et est quasiment assuré de garder le pouvoir qu'il détient depuis maintenant dix-huits années.