Au moins quatre morts sur l'île de Saint-Martin côté français et au moins quatre autres victimes dans les îles Vierges américaines. Deux personnes ont également perdu la vie à Porto-Rico. Un nouveau bilan qui porte à douze le total des victimes dans plusieurs îles des Caraïbes (quatre à Saint-Martin, quatre aux îles Vierges, une dans la partie néerlandaise de Saint-Martin et une à Barbuda) depuis le passage d'Irma.
Avec des rafales qui ont dépassé les 300 km/h, le cyclone record de catégorie 5, le maximum sur l'échelle d'intensité des ouragans, a semé la désolation sur les deux îles Saint-Martin et Saint-Barthélemy, connues pour leurs plages paradisiaques et leur tourisme de luxe, à environ 250 km de la Guadeloupe
Les habitants commençaient à déblayer les rues, inondées ou envahies par des amas de tôles et jonchées de bateaux transformés en petits bois, d'arbres balayés par les vents, de toitures arrachées et de voitures renversées, de bâtiments en ruine et de végétation détruite.
"On est un peu livrés à nous même, c'est la catastrophe. On attend les secours", témoigne Olivier Toussaint, un habitant de Saint-Barthélémy. "On est sans eau, sans électricité. On avait fait quelques réserves, mais que pour deux trois jours, ça va commencer à être dur".
"On dirait presque un pays en guerre", renchérit une journaliste de Guadeloupe 1re, Maeva Myriam Ponet, également à Saint-Martin, en évoquant un "cauchemar" après le passage du cyclone de catégorie 5 le plus long (plus de 33 heures) jamais enregistré dans le monde selon Météo France.
Le cyclone, à ce stade, a fait quatre morts dans la partie française de Saint-Martin et aucun à Saint-Barthélemy, selon un dernier bilan annoncé jeudi après-midi par Edouard Philippe, révisant à la baisse celui de huit morts annoncé précédemment par le ministère de l'Intérieur.
Le Premier ministre a évoqué une "cinquantaine de blessés, dont deux graves et un en urgence absolue", et de "très nombreuses blessures légères". "Seize d'entre eux venant de Saint-Martin, sont arrivés jeudi soir en Guadeloupe et ont été pris en charge du CHU", a indiqué Pierre Thepot, directeur du CHU. Une cinquantaine d'autres blessés devraient arriver ces prochaines 48 heures.
A Saint-Martin comme à Saint-Barthélemy, "l'électricité est coupée, l'eau potable est absente, l'essence indisponible, les routes encombrées et partiellement impraticables", a précisé Edouard Philippe. "Il est impossible d'estimer le montant financier des dégâts, ils sont considérables", a-t-il dit, ajoutant que l'état de catastrophe naturelle, qui permet la prise en charge par les assurances, serait signé dès vendredi.
La France est "touchée" et "toute entière mobilisée", a réagi le président Emmanuel Macron depuis Athènes. "Les dégâts sont absolument terribles... une fois encore ce sont des catastrophes qui touchent celles et ceux qui vivent dans les conditions les plus difficiles", a déploré le président, qui se rendra "dès que possible" dans les zones affectées.
A Saint-Martin, "95% des habitations sont touchées et 60% sont inhabitables", a ajouté Edouard Philippe, citant des chiffres de la collectivité de Saint-Martin. Mais le port, l'aéroport régional et les hôpitaux y fonctionnent au moins en partie, selon lui. Évoquant "un événement d'une violence sans précédent" dans ces îles, le Premier ministre a affiché la solidarité du gouvernement avec les habitants dont "beaucoup sont sous le choc d'avoir perdu leurs biens".
Il faudra "des semaines et des mois" pour un retour à la normale de l'électricité à Saint-Martin et Saint-Barthélemy, a prévenu EDF. Une première liaison aérienne a été établie jeudi entre la Guadeloupe et les deux îles pour évaluer les dégâts, avec à son bord la ministre des Outre-mer Annick Girardin, arrivée dans la matinée avec environ 150 secouristes en Guadeloupe, base arrière des secours. La ministre a notamment fait un survol en hélicoptère et un tour dans l'île.
Stupeur et inquiétude à #StMartin et #StBarth. Priorités: restaurer l'ordre public et coordonner les moyens. Ensuite reconstruire. #Irma pic.twitter.com/asM1tP1z6d
— Annick Girardin (@AnnickGirardin) 8 septembre 2017
Croix-rouge, Secours populaire, Fondation de France et Association des maires de France (AMF) ont lancé des appels aux dons pour venir en aide aux victimes.
L'ouragan, plus puissant qu'Harvey qui a fait au moins 42 morts et ravagé le Texas et la Louisiane ces dernières semaines, se déplace vers les Bahamas, la République dominicaine où des rafales à 285 km/h ont été enregistrées jeudi, puis Cuba et la Floride, selon le National hurricane center (NHC) américain.
L'ouragan est attendu à Cuba vendredi soir et il devrait ensuite remonter vers la Floride puis la Géorgie et la Caroline du Sud. Des ordres d'évacuations obligatoires ont été émis pour les zones côtières de Floride et dans l'Etat de Géorgie.
Les Caraïbes pourraient ensuite subir deux autres ouragans : Jose puis Katia. Le premier s'est renforcé en catégorie 3 avec des vents de 195 km/h, a indiqué jeudi le Centre américain des ouragans (NHC). Le second devrait se diriger vers le Mexique.