Fil d'Ariane
Annie Ernaux ne sera pas présente au Salon du livre d'Alger, qui vient d'ouvrir ses portes ce mercredi 25 octobre. Les autorités algériennes, selon le quotidien français Le Monde, ont refusé d'accorder un visa à la romancière, prix Nobel de littérature. Ce refus selon le Monde intervient quelques mois après la publication d'une tribune en France cosignée en mai par Annie Ernaux demandant la libération du journaliste Ihsane El Kadi par le régime algérien. Retour sur l'affaire.
Annie Ernaux à Rome le 23 octobre 2022. L'écrivaine est prix Nobel de littérature.
Il n'y aura pas donc de prix Nobel de littérature au Salon international du livre d'Alger. Annie Ernaux n'a pas obtenu de visa pour participer cet événement littéraire qui devrait se poursuivre jusqu'au 4 novembre. C'est ce qu'affirme Le Monde ce 24 octobre.
Selon le quotidien français, "l'ambassadeur algérien en poste à Paris, Saïd Moussi, serait intervenu personnellement en ce sens". Les autorités d'Alger n'auraient apporté aucune explication pour justifier ce refus.
TV5MONDE a contacté le ministère des Affaires étrangères algériens sans obtenir de retour.
Le Monde rappelle que l'auteure avait cosigné une tribune en mai, avec d'autres intellectuels et personnalités du monde culturel comme Noam Chomsky ou Ken Loach, demandant la libération du journaliste algérien Ihsane El Kadi. Le texte avait été publié dans les colonnes du Monde.
Il dénonçait notamment "l'acharnement sécuritaire et judiciaire que subissent El kadi et tous les prisonniers d'opinion en Algérie". Le journaliste Ihsane El Kadi, patron de Radio M et du site d'informations Maghreb émergent, a été condamné à sept ans de prison en juin dernier. Les signatures de la tribune estimaient que "l'Algérie est un idéal plus vaste que le cachot qu'elle est en train de devenir pour les journalistes critiques et les voix discordantes".
Ghania Mouffok, journaliste algérienne.
"Le journaliste Ihsane El Kadi est en prison parce qu’il refuse de se soumettre aux pressions de ceux qui gouvernent le pays et voudraient faire de lui un journaliste de contrefaçon", dénonçait la tribune. Cette tribune est adressée directement au président algérien Abdelmadjid Tebboune.
Cette tribune avait rencontré un certain écho en Algérie.
Dans un communiqué publié le 12 octobre, sur le site Maghreb émergent, dernier la famille de Ihsane El Kadi avait remercié l'écrivaine pour son soutien. "Ihsane, de sa cellule à la prison d’El Harrach, et nous, membres de sa famille, tenons à remercier les dizaines de milliers de personnes qui lui ont exprimé leur soutien en Algérie et à travers le monde. Nous n’oublions pas non plus de remercier Noam Chomsky, Leila Shahid, Annie Ernaux, Ken Loach, Etienne Balibar, Joyce Blau, Elias Khoury, Abdelatif Laabi, Achille Mbembe, Arundhati Roy, Youssef Seddik pour leurs inestimable soutien", avait écrit la famille du patron de presse.
Dans un contexte politique difficile des journalistes algériens ont pris position en faveur de l'écrivaine. C'est le cas de la journaliste algérienne Ghania Mouffok. sur sa page Facebook.
"En fermant la porte de notre pays au nez d'Annie Ernaux, en lui refusant un visa pour l'Algérie, ceux qui ont pris cette décision font une triste erreur politique et culturelle. On ne ferme pas la porte à une amie dans ces moments graves de confrontations culturelles aux contours dramatiques où chaque pays compte ses amis, ses alliés, pour poser sa voix et se faire entendre", écrit la journaliste.
Le média en ligne algérien, TSA, avance de son côté que la demande de visa est en "cours de traitement". Le média en ligne algérien cite une source consulaire anonyme. Selon cette source une demande de visa a été faite 48 heures avant le début du salon littéraire. Or selon cette source cité par le TSA une demande de visa prend une semaine. "Il y a une procédure à respecter", affirme cette source.
Pour l'instant Annie Ernaux, la première concernée n'a pas réagi.
https://maghrebemergent.net/communique-de-la-famille-dihsane-el-kadi-2/