Fil d'Ariane
Ce manque de médicaments ne touche pas uniquement la France. La Belgique est concernée, la Suisse aussi. Le quotidien belge Le Soir titrait en juin 2019 "La pénurie de médicaments s'accroît en Belgique, 428 produits sont indisponibles". La Tribune de Genève publiait le 15 mai 2019 un article sur "les perturbations qui menacent les soins" en Suisse, en raison de cette pénurie de médicaments.
Un autre facteur explique ce manque d’approvisionnement : les médicaments ne sont en grande partie plus fabriqués ni en France, ni en Europe. Un rapport du Sénat français du 27 septembre 2018 montre que 8 principes actifs d’un médicament sur 10 sont fabriqués "en dehors de l’Union [européenne]".
Pour Gérard Delépine, chirurgien, cancérologue et co-auteur de "La face cachée des médicaments", pas de doute : "Il n'y a pas de pénurie de médicaments :
au niveau mondial, il n'y a une pénurie que si on l'organise. Et actuellemement la pénurie, depuis plusieurs années, elle est organisée".
Il n'y a pas de pénurie de médicaments. Au niveau mondial, il n'y a une pénurie que si on l'organise.
Gérard Delépine, chirurgien et co-auteur de "La face cachée des médicaments"
"Les laboratoires peuvent organiser la pénurie, s'ils ne décident de faire qu'une méga-usine en Chine pour le même médicament. S'il y a une inondation ou un tremblement de terre, il y aura une vraie pénurie parce que la seule usine qui le fabriquait est tombée en panne."
Pour le chirurgien, "ce qui décide de l'implantation des usines, c'est avant tout l'absence de règles - le droit de faire n'importe quoi -, et le bas coût de la main d'oeuvre, ce qui permet d'avoir une rentabilité maximale".
Les causes des ruptures de stocks des médicaments sont multiples : délocalisation de la production, ou encore stratégies de ventes des laboratoires au détriment de certains médicaments, comme les anti-cancéreux en France.
Et il y a urgence. Des personnes, parties chercher des médicaments à l’étranger, témoignent dans le journal Le Monde : «J’ai l’impression d’être une dealeuse obligée d’agir dans l’illégalité ».
Lundi 8 juillet 2019, la ministre française de la Santé a proposé des pistes pour lutter contre ces pénuries de médicaments : renforcer la coopération européenne, ou encore promouvoir la transparence, entre les pharmaciens et les laboratoires.