2014 ne sera pas synonyme d'accalmie pour la NSA, l'Agence nationale de sécurité américaine. Jeudi 2 janvier, de nouveaux documents du lanceur d'alerte Edward Snowden, ancien consultant de l'Agence réfugié en Russie depuis le 31 juillet 2013, sont publiés dans la presse. Le
Washington Post, relais médiatique de Snowden aux États-Unis, révèle le projet de la NSA de créer "un ordinateur quantique"... Sorte de "méga-ordinateur", cette "machine à décrypter universelle" serait capable de briser des codes informatiques très vite, et ainsi de déchiffrer des conversations, des activités ou des transactions cryptées en ligne. Résultat : une quantité considérable d'informations secrètes, notamment bancaires, médicales, gouvernementales et commerciales pourrait être analysée des agents de la NSA. L'information a de quoi faire peur. Interrogé par le Washington Post, Scott Aaronson, professeur à l'Institut de technologie du Massachusetts (MIT) relativise : "Il semble peu probable que la NSA soit autant en avance par rapport aux entreprises civiles sans que personne le sache." En effet, des sociétés comme IBM sont déjà sur les rangs pour créer cet outil. La Suisse et l'Union européenne planchent aussi sur la question. Sur
Lemonde.fr, Serge Haroche, professeur au Collège de France et chercheur à l’École normale supérieure, indique également qu'"il reste des obstacles technologiques très importants avant de réaliser un dispositif pratique. Il n'est pas certain que ces obstacles pourront être surmontés." Les documents d'origine d'Edward Snowden indiqueraient même que la recherche sur cet ordinateur serait encore à l'état fondamentale. Apple de mèche avec la NSA ? Et les mauvaises nouvelles s'accumulent encore pour la NSA. Alors que l'administration Obama prévoit une révision des programmes de surveillance au cours du mois de janvier, le magazine allemand
Der Spiegel révélait le 1er janvier que l'entreprise américaine Apple aurait trempé dans un programme de la NSA, baptisé "
Dropoutjeep". Ce logiciel espion serait chargé de pirater certains appareils iPhone ciblés, appartenant notamment à des responsables étrangers, des diplomates, ou de possibles terroristes. De son côté, la société à la pomme,
déjà mise en cause dès le début du scandale Prism, nie les informations du magazine allemand : "Apple n'a jamais travaillé avec la NSA pour créer une porte dérobée. (…) Nous ne sommes pas au courant du programme incriminé de la NSA qui viserait nos produits. (…) La sécurité et la confidentialité (des données de) nos clients sont très importantes pour nous." Soutiens internationaux pour Snowden Les
révélations d'Edward Snowden ont débuté début 2013 et il semblerait donc que le consultant laisse encore des traces cette année. Si bien que certains médias américains et britanniques saluent son "grand service" et sa "bravoure morale". Le New York Times, dans son
éditorial du jeudi 2 janvier, réclame même une "clémence" pour le lanceur d'alerte. "Étant donné la valeur énorme des informations qu'il a révélées et les abus qu'il a mis au jour, M. Snowden mérite mieux qu'une vie d'exil, de peur et de fuite", souligne encore le journal. Le Guardian, rejoint sur
Twitter par le directeur du groupe de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch, demande quant à lui au président Barack Obama de donner la possibilité à l'ex-consultant de "
rentrer aux États-Unis avec dignité". Contactée par l'AFP, la Maison Blanche confirme son intransigeance et renvoie sur les précédentes déclarations de Barack Obama. "Aussi important et nécessaire que ce débat ait été, il est aussi important de garder à l'esprit que cela a provoqué des dégâts inutiles aux capacités de renseignement et à la diplomatie des États-Unis", avait déclaré le président américain lors d'une conférence de presse du 20 décembre dernier. Inculpé pour espionnage en juin 2013, Edward Snowden est aujourd'hui exilé en Russie, mais il risque aux États-Unis trente ans de prison, voire même la réclusion criminelle à perpétuité.