Fil d'Ariane
La "génération Windrush" tire son nom du navire Empire Windrush, débarqué le 22 juin 1948 sur les côtes anglaises, avec à son bord des hommes et femmes originaires de Jamaïque, des Bermudes ou de Guyane britannique, arrivant pour apporter au Royaume-Uni la main-d’œuvre qui lui faisait défaut dans l'après-guerre.
Mais "Windrush" est aussi synonyme de scandale, l'un des pires de l'histoire migratoire du Royaume-Uni, révélé en 2018: bien que censés être Britanniques, certains ont ensuite été traités comme des clandestins et ont dû prouver chaque année de présence au Royaume-Uni sous peine d'expulsion.
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En 2019, les autorités ont annoncé un programme d'indemnisation.
Mais quatre ans plus tard, l'organisation de défense des droits humains HRW étrille ce programme dans un rapport. En janvier, seulement 12,8% des 11.500 personnes éligibles avaient été compensées, selon l'ONG.
Le dispositif "est en train d'échouer et viole les droits de beaucoup de personnes à un recours effectif pour les violations des droits humains qu'elles ont subies", dit le rapport.
Il "n'est pas adapté à son objectif et nécessite une réforme urgente pour protéger les droits des demandeurs", dit encore l'ONG. Le programme "devrait être indépendant, fournir une assistance juridique aux demandeurs pour les aider dans le processus complexe", recommande HRW.
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Le rapport cite un membre de la "génération Windrush" affirmant que le dispositif "a été conçu pour faire échouer les personnes qui étaient censées en bénéficier".
"L'échec du dispositif et le scandale lui-même sont liés à un racisme institutionnel non résolu qui remonte à l'Empire britannique", critique l'autrice du rapport, Almaz Teffera, chercheuse sur le racisme en Europe.
En novembre 2021 déjà, un rapport parlementaire très sévère recommandait de confier la gestion du scandale Windrush à un organisme indépendant. Les demandeurs sont, dénonçaient les députés, confrontés à un "processus décourageant", des "demandes de preuves déraisonnables" et "des délais démesurés".
Par ailleurs, une association de lutte contre le racisme, Black Equity Organisation (BEO), a lancé début avril un recours contre le gouvernement après sa décision d'abandonner certaines réformes promises.
La ministre de l'Intérieur Suella Braverman a annoncé en janvier qu'elle revenait sur plusieurs engagements, dont la création d'un commissaire aux migrants et l'organisation d'événements de réconciliation.