Fil d'Ariane
Tout commence par une émission de la RTBF consacrée à la Seconde Guerre mondiale et au passé de la Belgique. Le programme se base sur l’œuvre d’un collectif d’historiens « Papy était-il un nazi ? ».
Un téléspectateur contacte la RTBF, curieux de connaître le rôle de son père pendant la guerre. Antoine, 63 ans, a l’intuition qu'il ne lui a « peut-être pas tout dit », même si ce dernier lui a avoué son passé de collaborationniste.
Engagé en 1941 dans la légion wallonne, son père combat aux côtés des Allemands. Plus tard, il se suicide. Pour Antoine, la mort de son père « pouvait être liée à une forme de culpabilité » en lien avec son passé. « Aurait-il participé à des massacres de masse ? », se demande-t-il.
Quand il fait part de ses doutes à ses proches, ils lui rétorquent que « rien dans les ouvrages historiques consacrés à la légion wallonne ne permet de prouver que des Wallons ont commis des crimes de guerre ou contre l’humanité », peut-on lire sur le site de la RTBF. Les Wallons ont pourtant intégré la Waffen-SS, les soldats d’élite d'Hitler.
Gérald Vandenberghe, journaliste à la RTBF, commence à enquêter (voir le reportage ci-dessous). Il rencontre Frank Seberechts, historien et auteur de « La Marche vers l’est » (« Drang naar Oosten »), un ouvrage sur les crimes des SS flamands en Russie.
L’historien a étudié le massacre de Palmnicken. Cette ville, située sur les bords de la Mer baltique, a été le théâtre d’un massacre de 6 000 femmes juives, forcées à évacuer le camp de concentration de Stutthof en Pologne. Les Russes avançant vers l’Ouest, les nazis souhaitaient effacer les traces de leurs crimes.
Il est bien indiqué dans ces documents officiels que des Belges, des Wallons, ont participé au massacre.
Alexey Chabounine, journaliste
« Personne n’a été condamné » pour ce crime contre l’humanité, assure Alexey Chabounine. L’enquête de la RTBF n’a pas permis de retrouver la trace du père d’Antoine, mais elle aura au moins « validé » son intuition, observe ce dernier. « Mon père a dû au moins savoir ou voir » ce qui se passait.
Ce fils de SS wallon assure regretter s’être « construit sur l’oubli », et juge « indispensable » « un travail de mémoire » sur les activités des SS wallons dans l’est de l’Europe pendant la Seconde Guerre mondiale.
Après l'invasion de la Belgique par l’Allemagne nazie le 10 mai 1940, le roi Léopold III décide la capitulation des armées belges.
Plusieurs mouvements collaborent alors à l’Allemagne nazie : le nationalisme flamand du VNV (Ligue nationale flamande) et le mouvement d’extrême droite du Rex de Léon Degrelle.