Ce vendredi 16 octobre, le Premier ministre français Manuel Valls présentait la nouvelle stratégie de la France en matière de sécurité numérique, face à une menace difficile à cerner.
Enjeux
Les cyberattaques, ces "piratages informatiques", sont devenus dramatiquement banals. Aujourd’hui, presque tous les secteurs sont concernés, à commencer par les grands groupes industriels, les groupes liés au secteur de la défense, les médias et même les petites et moyennes entreprises. La souveraineté du pays, son économie et les données personnelles des citoyens sont les principaux enjeux de cette cyber-sécurité.
Le gouvernement, après avoir mis l'accent sur les "opérateurs d'importance vitale" (trains, production d'énergie, grandes banques, etc.) veut notamment renforcer la protection des PME, souvent largement désarmées face aux cyberattaques. Et aider la filière à croître en s'appuyant sur les poids lourds (Thales, Airbus...), intermédiaires (Solucom, Lexsi...), mais aussi les petites entreprises plus susceptibles de capter le marché des particuliers.
Mesures
Le document présenté ce 16 octobre par le Premier ministre résume la "doctrine" face une menace qui provient tout aussi bien de groupes mafieux, islamistes radicaux ou encore de services étrangers, y compris alliés. Il prévoit la création d'un "dispositif national d'assistance" aux victimes d'actes de cybermalveillance. Un groupe d'experts doit également être constitué pour mieux faire émerger les nouvelles technologies de sécurité informatique et améliorer les formations dans l'enseignement supérieur. Dans la foulée, un accord doit être signé sous l'égide de la secrétaire d'Etat au numérique, Axelle Lemaire, avec les opérateurs Internet français pour protéger les courriels qui circulent entre leurs serveurs, un grand maillon faible actuellement.
Sécurité et liberté
La stratégie française vise à la fois à protéger le citoyen et les intérêts économiques de l'Etat et des entreprises --mais aussi muscler une filière économique déjà dynamique. Elle est "un bon équilibre entre la prise en compte de la sécurité et dynamisme économique" et un "bon équilibre entre sécurité et liberté", a jugé Manuel Valls. Cette prise de position gouvernementale intervient après des affaires qui avaient confirmé l'ampleur des risques, de l'affaire Snowden en passant par le piratage de TV5 Monde et des fréquentes attaques, pas toutes rendues publiques, contre des entreprises et des intérêts français.
Manuel Valls s'en est pris à la "position caricaturale" de ceux qui opposent "le numérique", qui devrait être le monde de la liberté absolue, à la "sécurité, qui se traduirait nécessairement par une restriction dangereuse des libertés fondamentales". Une position observée selon lui lors du débat sur la loi sur le renseignement. Si cette loi dote les services de renseignement de moyens de surveillance des citoyens, le gouvernement "reste favorable" à ce que les acteurs privés "continuent de bénéficier pleinement" de "toutes les ressources qu'offre la cryptologie légale", a d'ailleurs indiqué M. Valls.
"La France est prête"
Le Premier ministre français Manuel Valls pourtant se veut optimiste : "La France est prête. La collaboration fonctionne entre les services concernés, civils et militaires... Il faudra renforcer ces collaborations et améliorer aussi la 'culture' de la sécurité informatique dans l'enseignement."
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Cela qui ne veut pas dire qu'il n'y aura pas d'attaques, mais la France est en ordre de bataille pour répondre à cette menace qui évolue très vite", a-t-on expliqué à l'Agence nationale de la Sécurité des Systèmes d'Information (Anssi), un service dépendant de Matignon qui a élaboré cette stratégie avec le Secrétariat général à la Défense et à la Sécurité nationale (SGDSN). "
Il n'y aura pas de bouclier cyber mis en place par tel ou tel service de l'Etat. Technologiquement ça n'a aucun sens, c'est la coopération de l'ensemble des acteurs qui permet d'y aboutir", selon l'administration.
Les politiques sont eux appelés à montrer l'exemple: devant le manque de souplesse d'utilisation du téléphone sécurisé Teorem, qui rebutait jusqu'au sommet de l'Etat, un nouveau modèle a récemment été déployé à l'Elysée et à Matignon.