Ségolène Royal, ministre française de l'Environnement et présidente de la COP21, s'est exprimée sur le plateau d'Internationales (en partenariat avec RFI et Le Monde) au sujet de la ratification de l'accord de Paris à New York, le 22 avril 2016.
La ministre française de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer était l’invitée d’Internationales ce dimanche 24 avril. Elle s’est notamment exprimée sur la signature de l’accord de la COP21 à New York le 22 avril dernier, le potentiel énergétique de l’Afrique et la question nucléaire en France.
Quelques jours à peine après la ratification de l’accord de Paris par 175 pays, Ségolène Royal s’est félicité de cette signature : "Nous avons franchi la barre des 170 pays, c'est inespéré et c'est surtout le signe que l'enthousiasme, ce qu'on a pu appeler l'esprit de Paris, est toujours là. Je pense que c'est la pression de l'urgence, les souffrances que fait vivre le dérèglement à l'échelle planétaire qui a fait prendre conscience des enjeux."
Elle est cependant revenue sur le cas de l’Union européenne : la baisse de 40 % des émissions européennes d'ici à 2030 n'ont toujours pas fait l'objet d'une répartition entre Etats membres, et les négociations en pourraient pas aboutir avant 2017, voire 2018. "Je n'accepte pas ce qu'a déclaré le Commissaire européen à l'environnement et au climat, qui a dit qu'il fallait attendre 2018, j'ai été très choquée par cette déclaration. Beaucoup de pays parmi les plus vulnérables ont été scandalisés par cette déclaration, et c'est la raison pour laquelle nous allons demander à la Commission européenne d'accélérer ses travaux. Je vais prochainement me rendre à Bruxelles pour rencontrer le président de la Commission européenne, M. Juncker et le président du Conseil européen." Pour la ministre, les propos du Commissaire européen sont "insupportables".
Afrique : "Un potentiel énergétique qui n'est pas utilisé"
"Il y a un basculement des choses qu'il faut accélérer, a déclaré la ministre. (...) Il y a 10 milliards d'euros mis sur la table pour faire émerger des projets en Afrique. On voit des pays privés d'électricité alors qu'ils ont un potentiel, par le soleil au-dessus de leur tête, et sous leur pied par la géothermie ou par l'hydroélectricité et les rivières. C'est ça qui est choquant, qui est révoltant : on voit un continent s'enfoncer dans la crise (...) alors même qu'il y a du potentiel énergétique qui n'est pas déployé, qui n'est pas utilisé."
"Le modèle français" est le moins producteur de gaz à effet de serre
D'après Ségolène Royal, "le modèle énergétique le moins producteur de gaz à effet de serre, c'est le modèle français. Bien sûr parce qu'il y a le nucléaire (...) Mais c'est beaucoup plus difficile pour la France [de progresser] puisqu'on a déjà une énergie très décarbonée avec le nucléaire. Et pourtant, on a fait cette loi de transition énergétique qui est la plus ambitieuse d'Europe."
Concernant la question nucléaire justement, la ministre a été interrogée sur la fermeture de la centrale de Fessenheim (Est de la France), qui compte les plus anciens réacteurs du pays. Elle a expliqué que "l'arrêt, c'est-à-dire le texte réglementaire qui va retirer à Fessenheim autorisation de fonctionner, ça c'est en bonne voie puisque c'est EDF qui a proposé elle-même la fermeture de Fessenheim. (...) Là nous sommes en train de discuter du montant de l'indemnisation de la fermeture, puisqu'il y a aussi parmi les actionnaires d'EDF, des actionnaires privés. (...) Et ensuite je prendrai le texte réglementaire de retrait de l'autorisation, dans le courant de l'année. Ce sera fait avant la fin de l'année 2016 pour que ça devienne irréversible."