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Commentaire Pascal Achard
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Séisme au Mexique : course contre la montre pour les secouristes

Près de deux jours après le séisme qui a secoué le Mexique, les secouristes redoublent d'effort. Objectif : retrouver d'éventuels survivants coincés sous les décombres et éviter que le bilan ne s'alourdisse. Le tremblement de terre qui a secoué Mexico et ses environs a déjà fait au moins 233 morts.

"Aucun être humain ne peut imaginer ma douleur". Adriana Fargo se mord les lèvres d'angoisse: sa fille de sept ans fait partie de la trentaine d'enfants disparus depuis le séisme qui a fait s'effondrer une école de Mexico où les secouristes espéraient encore sauver des vies.

Au moins 21 élèves âgés de sept à 13 ans ainsi que cinq adultes ont déjà été retrouvés morts dans les ruines de l'école primaire et secondaire Enrique Rebsamen, dans le sud de Mexico, qui s'est écroulée sous l'effet du terrible séisme ayant fait plus de 200 morts dans le centre du Mexique. Onze enfants et au moins une institutrice ont été extraits vivants.

"J'ai vu cinq enfants vivants mais ils sont prisonniers de tiges métalliques", confie un secouriste de la protection civile sous couvert d'anonymat, plus de 24 heures après la catastrophe. Pour lui, "le sauvetage pourrait encore demander plusieurs heures" dans les décombres de l'école primaire et secondaire Enrique Rebsamen, à l'extrême sud de la capitale. "Couper les tiges sans blesser les enfants est un travail très délicat". Mais le temps presse, car "les appareils montrent que les battements de leurs coeurs sont déjà faibles", dit-il. Alors malgré la fatigue et désormais la pluie, militaires, secouristes professionnels et bénévoles, poursuivent leur travail de fourmis dans les ruines de l'école.

Assise sur une chaise, les poings serrés et les yeux rivés au sol, Adriana Fargo ne parvient même pas à prononcer le prénom de sa fille. Quand on le lui demande, elle serre les lèvres pour contenir ses sanglots.

Son mari, lui, travaille aux côtés de centaines de soldats, pompiers et sauveteurs qui dégagent prudemment les décombres. Avec des pelles et des pioches, mais aussi à mains nues, ces hommes ne ménagent pas leur peine, après de longues heures sans dormir et presque sans manger.

Une équipe de volontaires, équipés de lampes frontales, transporte de grosses poutres de bois pour soutenir des plafonds qui menacent de s'effondrer. La zone est bouclée par l'armée. Parmi les bénévoles, un homme a un rôle clef : sa petite taille lui a permis d'entrer dans un passage étroit pour établir le contact avec une fillette et lui fournir eau et oxygène.

Des civils forment une chaîne humaine pour faire passer aux secouristes des paniers remplis de bouteilles d'eau, qui reviennent remplis de gravats.

Crises de nerfs

Aux côtés d'Adriana Fargo, d'autres mères enveloppées dans des couvertures attendent anxieusement des nouvelles de leurs enfants disparus. Certaines font des crises de nerfs, aucune n'est vraiment capable de parler.

Selon une institutrice de l'école, Maria del Pilar Marti, les enfants ne sont pas parvenus à sortir après le séisme : "Nous nous étions réfugiés dans nos salles pour attendre la fin du tremblement de terre (...). Une partie du bâtiment s'est effondrée et un nuage de poussière est venu sur nous", a-t-elle dit à la chaîne Televisa, la bouche et le nez protégés par un masque.

Le tremblement de terre, de magnitude 7,1, s'est produit mardi à 13H14 (18H14 GMT) et a fait au moins 217 morts. Il est survenu 32 ans jour pour jour après le grand tremblement de terre de 1985 qui avait fait plus de 10 000 morts (30.000, selon certaines estimations) et reste un traumatisme national au Mexique.

Cette nouvelle tragédie frappe un pays encore sous le coup d'un autre séisme, de magnitude 8,2 - le plus puissant en un siècle au Mexique -, qui a fait 100 morts et plus de 200 blessés le 7 septembre dans le sud du pays.

Après ce séisme, les autorités ont assuré avoir inspecté toutes les écoles du pays pour en vérifier la structure. Devant l'école, deux personnes assises à une table avec un ordinateur tiennent une liste des enfants décédés, retrouvés vivants ou disparus.

"C'est le chaos (...), il y a des enfants sortis blessés de l'école qui se retrouvent tout seuls à l'hôpital, sans leurs parents. Pendant qu'ici, devant l'école, il y a des parents désespérés qui ne retrouvent pas leurs enfants", confie l'un de ceux qui tiennent à jour la liste, à laquelle la presse n'a pas accès.