Serbie : quelque 140 000 manifestants réclament des élections dans la rue

Environ 140 000 personnes, selon un organisme indépendant, ont manifesté samedi en Serbie pour réclamer des législatives anticipées. La pression se maintient plus de sept mois après le début d'un mouvement de contestation mené par les étudiants.

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La police anti-émeute bloque les manifestants à la fin d'un rassemblement demandant des élections anticipées. Belgrade, lesamedi 28 juin 2025.

© AP Photo/Darko Vojinovic
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"Nous voulons des élections!", a scandé la foule, qui a envahi à partir de 18H00 (16H00 GMT) la plus grande place de la capitale Belgrade et plusieurs rues alentour, brandissant des drapeaux serbes et des banderoles avec les noms de villes et de villages de Serbie.

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Jeune manifestant à Belgrade, le samedi 28 juin 2025.

© AP Photo/Darko Vojinovic

140 000 manifestants selon un organisme indépendant, 36 000 selon la police 

En fin de soirée, des heurts ont éclaté entre des grappes de manifestants, dont certains avec des fumigènes et les forces de l'ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes. Les heurts sont rares depuis le début du mouvement. 

Nous démontrons une fois de plus que nous ne nous arrêterons pas.

Stefan Ivakovic, étudiant en droit


Dans un communiqué la police a affirmé que le rassemblement avait réuni 36 000 manifestants, mais les journalistes de l'AFP ainsi que plusieurs images aériennes du rassemblement montrent une foule bien plus importante. 

Selon le décompte provisoire d'un organisme indépendant en fin de soirée, environ 140 000 personnes ont manifesté - ce qui en ferait l'une des plus importantes manifestations depuis le début du mouvement, après celle du 15 mars qui avait rassemblé 300 000 personnes.

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Manifestation à Belgrade, le samedi 28 juin 2025.

© AP Photo/Darko Vojinovic

"Nous démontrons une fois de plus que nous ne nous arrêterons pas", a expliqué à l'AFP Stefan Ivakovic, un étudiant en droit. "Nous nous mobiliserons aussi longtemps qu'il le faudra jusqu'à ce que nos revendications soient satisfaites." 

"Nous nous lèverons tous et nous gagnerons tous"

Le mouvement est né de l'effondrement le 1er novembre 2024 de l'auvent en béton de la gare de Novi Sad (nord), qui a coûté la vie à 16 personnes dont deux enfants. Les étudiants en ont rapidement pris la tête. Frustrés par l'inaction du gouvernement populiste face à cette tragédie largement imputée à une corruption enracinée, ils ont établi plusieurs revendications ces derniers mois, notamment une enquête indépendante, et exigent depuis mai des législatives anticipées.

Peuple de Serbie! Le temps est écoulé, mais pas pour nous (...). Cette lutte n'est pas seulement celle des étudiants. Aujourd'hui, nous exigeons tous des élections. 

Communiqué des étudiants mobilisés 


Le mouvement avait semblé marquer le pas après l'immense manifestation de mars, mais les étudiants espèrent que cette nouvelle démonstration de force lui donnera un nouvel élan. Ils ont dans la semaine présenté deux demandes au président: la dissolution du Parlement, et le départ de ses partisans qui campent devant la présidence depuis le 12 avril.

(Re)voir Serbie : un nouveau gouvernement à la tête du pays

Aleksandar Vucic (droite nationaliste) avait, selon l'ultimatum des étudiants, jusqu'à ce samedi 21H00 (19H00 GMT) pour y répondre.  Le délai expiré, des étudiants ont lu un communiqué aux manifestants : "Peuple de Serbie! Le temps est écoulé, mais pas pour nous (...). Cette lutte n'est pas seulement celle des étudiants. Aujourd'hui, nous exigeons tous des élections. Nous nous lèverons tous et nous gagnerons tous". 

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Dans un texte posté plus tard sur Instagram, les étudiants ont rejeté la responsabilité de toute radicalisation sur les autorités, "qui avaient tous les moyens de satisfaire les revendications et ont préféré choisir la violence et la répression".

"De la violence"

Alimentant les craintes de heurts entre les deux camps, M. Vucic avait prévenu dans la matinée qu'il y aurait "de la violence" vers la fin de la manifestation des étudiants. Ces derniers, dont les rassemblements ont toujours été pacifiques, ont de leur côté menacé d'une "radicalisation" si leurs demandes n'étaient pas satisfaites appelant à une "désobéissance civile pacifique".

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Arrestation d'un manifestant à Belgrade, le samedi 28 juin 2025. 

© AP Photo/Darko Vojinovic

Vendredi soir, le président Vucic leur avait répondu, rejetant leurs revendications et les accusant, comme il l'avait déjà fait, d'être à la solde de "puissances étrangères". "À la fin, la Serbie gagne toujours" a-t-il posté sur Instagram tard samedi.

(Re)voir Serbie : mobilisation pour dénoncer la corruption

Face à un mouvement de contestation de cette ampleur, le président serbe s'est séparé du chef du gouvernement et de certains ministres en janvier, tout en accusant régulièrement les manifestants de vouloir fomenter un coup d'État, d'être payés par d'autres pays ou de vouloir attenter à sa vie.

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Le pouvoir a également maintenu la pression sur un certain nombre de militants : plus de dix personnes ont été arrêtées ces derniers jours. Samedi soir, un journaliste de l'AFP a vu au moins deux manifestants se faire arrêter.