Des observateurs occidentaux parlent d'une nouvelle Guerre Froide. Cela vous semble-t-il approprié d'utiliser cette expression ?
Vous savez, le terme "Guerre Froide" est, en quelques sortes, une expression imagée qu'on peut utiliser ou ne pas utiliser. Ce n'est pas ça le problème. Ce qui est beaucoup plus important, c'est qu'on ne doit jamais rejeter le dialogue, même dans les situations les plus compliquées. Ce qui nous étonne surtout, c'est la politique des Etats-Unis et de l'Union européenne en matière de sanctions. Le refus, le rejet de dialogue, y compris du dialogue au niveau parlementaire. Certains parlementaires russes, dont votre humble serviteur, sont interdits de territoire en Union européenne. Mes possibilités de déplacement et de contact sont fortement limitées (la France lui a accordé un visa cette semaine en vertu d'une obligation de droit international pour tout pays hôte d'une organisation internationale, en l'occurrence le Conseil exécutif de l'Unesco, ndlr). En quel point est-ce que cela correspond aux valeurs démocratiques et aux traditions européennes ?
Craignez-vous de nouvelles sanctions ?
Les sanctions, ce sont des bêtises. Toute l'histoire de leur application démontre que les sanctions sont soit peu efficaces, soit pas efficaces du tout. Ou, au pire des cas, c'est une arme à double tranchant qui blesse celui qui est visé par les sanctions, comme celui qui les adresse. Les sanctions actuelles démontrent, à mon avis, la faiblesse, si ce n'est la lâcheté, de ceux qui les adoptent. Ces sanctions constituent aussi une tentative de cacher à l'opinion publique, à sa propre population, la faillite de la politique que les Etats-Unis ont mené depuis plusieurs années déjà en Europe de l'Est et, notamment, en Ukraine.