Seyni Nafo : "l'Afrique ne peut pas attendre"

L'Afrique est l'une des premières victimes d'un réchauffement climatique dont elle n'est, en grande partie, pas responsable. A la veille de la finalisation de l'accord de la COP,  quels sont les points du texte sur lesquels les pays africains ne veulent pas transiger ? Réponses de Seyni Nafo, négociateur du Mali et porte-parole du groupe Afrique. 
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L'Afrique exige un financement adéquat pour prendre en charge les priorités de l’Afrique, c’est-à-dire au moins 7 à 10 milliards de dollars par an
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Seyni Nafo est le plus jeune négociateur de la COP21. A 34 ans, ce jeune Malien porte la voix des 54 pays et près d’un milliard d’habitants d'Afrique lors des négociations du G77 préalables à l'accord de Paris sur le climat.



Il faut limiter le réchauffement à 2 degrés pour sauver la planète, mais pour l'Afrique, 1,5 degré, c'est déjà trop.​
Seyni Nafo 

Fils d'un haut fonctionnaire de la Banque africaine de Développement,  cet ancien trader a passé une partie de son enfance au Tchad et en Arabie Saoudite. Eduqué dans une école française, puis formé à l'université de Chicago, aux Etats-Unis, il maîtrise parfaitement, outre son bambara natal, le français, l'anglais... et les codes des Occidentaux. On le dit pragmatique, ouvert au dialogue ; lui se définit comme un « diplomate environnemental ».

Représentant du Mali et du groupe Afrique à la COP21, il copréside aussi la commission des finances de la Convention, et assume les fonctions de négociateur en chef  pour les questions d’atténuation du G77,  ce sous-groupe de 134 pays des Nations unies, dont la Chine, qui représente environ 77 % de la population mondiale. « Ca bouffe plus d’énergie de trouver une position commune dans un groupe qui va de l’Inde aux Iles Marshall que de négocier avec l’extérieur », déclarait-il à ce propos cet été au quotidien français Libération.

Ce jeudi 3 décembre, Seyni Nafo interrompt quelques instants le marathon des négociations pour confier ses préoccupations à TV5MONDE : « Il y a trois points sur lesquels l’Afrique n’est pas prête à céder, explique-t-il : l’ambition de l’accord, l’adaptation des financements et le développement des énergies renouvelables. »
 

  • L'ambition de l'Afrique est d'obtenir un accord en trois temps pour freiner le dérèglement climatique. Parce qu’il ne suffit pas d’en pallier les conséquences. Explications :​ 
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  • L'Afrique exige un financement adéquat pour prendre en charge les priorités de l’Afrique, c’est-à-dire au moins 7 à 10 milliards de dollars par an, tout de suite. Ecoutez Seyni Nafo :
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  • L’Afrique est le continent qui a le plus fort potentiel d’énergies renouvelables, et la gestion des changements climatiques est l'occasion de les développer, explique le négociateur du groupe Afrique : 
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Points d'achoppement

Les discussions achoppent avant tout sur la question financière admet Seyni Nafo, mais aussi sur la différenciation des actions selon les pays et sur l’équité entre les pays à aider. Concrètement, les pays d'Afrique ne veulent pas être en première ligne pour réparer les dégâts qu'ils n'ont pas commis, même s'ils en sont les premières victimes. Ils veulent ensuite être reconnus comme "vulnérables", même si leur existence même n'est pas directement menacée, et même si ce ne sont pas leurs économies qui sont vulnérables, mais leurs populations.

  • On promet 100 milliards de dollars d’aide aux pays les moins riches. Les pays africains veulent constater la matérialisation de ces financements sur le terrain, insiste Seyni Nafo :
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  • Les pays d’Afrique qui se sont développés ces dernières années ne peuvent pas assumer les mêmes responsabilités que les pays du Nord face à un réchauffement climatique dont ils ne sont pas responsables. Le négociateur explique : 
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  • L’Afrique ne compte pas parmi les pays les plus vulnérables économiquement, comme les micro-Etats insulaires, mais en Afrique, la prise en charge des plus vulnérables ne peut pas attendre. Pour Seyni Nafo, c'est essentiel :  
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