Fil d'Ariane
Seyni Nafo est le plus jeune négociateur de la COP21. A 34 ans, ce jeune Malien porte la voix des 54 pays et près d’un milliard d’habitants d'Afrique lors des négociations du G77 préalables à l'accord de Paris sur le climat.
Fils d'un haut fonctionnaire de la Banque africaine de Développement, cet ancien trader a passé une partie de son enfance au Tchad et en Arabie Saoudite. Eduqué dans une école française, puis formé à l'université de Chicago, aux Etats-Unis, il maîtrise parfaitement, outre son bambara natal, le français, l'anglais... et les codes des Occidentaux. On le dit pragmatique, ouvert au dialogue ; lui se définit comme un « diplomate environnemental ».
Représentant du Mali et du groupe Afrique à la COP21, il copréside aussi la commission des finances de la Convention, et assume les fonctions de négociateur en chef pour les questions d’atténuation du G77, ce sous-groupe de 134 pays des Nations unies, dont la Chine, qui représente environ 77 % de la population mondiale. « Ca bouffe plus d’énergie de trouver une position commune dans un groupe qui va de l’Inde aux Iles Marshall que de négocier avec l’extérieur », déclarait-il à ce propos cet été au quotidien français Libération.
Ce jeudi 3 décembre, Seyni Nafo interrompt quelques instants le marathon des négociations pour confier ses préoccupations à TV5MONDE : « Il y a trois points sur lesquels l’Afrique n’est pas prête à céder, explique-t-il : l’ambition de l’accord, l’adaptation des financements et le développement des énergies renouvelables. »
Les discussions achoppent avant tout sur la question financière admet Seyni Nafo, mais aussi sur la différenciation des actions selon les pays et sur l’équité entre les pays à aider. Concrètement, les pays d'Afrique ne veulent pas être en première ligne pour réparer les dégâts qu'ils n'ont pas commis, même s'ils en sont les premières victimes. Ils veulent ensuite être reconnus comme "vulnérables", même si leur existence même n'est pas directement menacée, et même si ce ne sont pas leurs économies qui sont vulnérables, mais leurs populations.