Certaines associations redoutent qu'un tel traitement préventif ne favorise les comportements à risques...
Cette question du développement des comportements à risque est une bonne question. On parle d'effet désinhibiteur. Pour l'instant, dans les essais menés, nous n'avons pas constaté cet effet désinhibiteur, nous n'avons pas constaté de relâchement sur l'utilisation du préservatif. Nous avons même presque constaté le contraire. Mais il faut rester attentif à cette question sans que cela ne nous freine dans l'utilisation de ce nouveau traitement préventif.
Cette annonce concernant le Truvada ne concerne pour l'instant que les Etats-Unis. Qu'en est-il pour la France par exemple ?
Nous en sommes à un stade moins avancé de l'expérimentation. Une étude baptisée
Ipergay est actuellement en cours. Elle concerne les homosexuels et là il s'agit d'une utilisation à la demande et non pas en continu comme dans les essais américains ou internationaux qui ont déjà eu lieu. C'est à dire que la personne prendrait le médicament avant et après le rapport sexuel qui pourrait l'exposer au risque d'acquisition du VIH. Nous en sommes donc à l'état de la recherche et pas du tout au stade de la commercialisation.
Par ailleurs, une question se pose autour du coût. Aujourd'hui, en curatif, c'est un traitement qui vaut entre 8000 et 10000 Euros par an, une somme énorme quand on voit le coût d'un simple préservatif. Ce sont des cachets à 30 Euros ! Qui peut se payer cela si ce n'est pas pris en charge ? Sinon seuls les milliardaires pourront se le payer et cela n'aura aucun impact de santé publique.
La prise en charge va donner lieu à des discussions mais il faut bien comprendre que, si on évite des contaminations, on évite aussi des coûts qui sont générés quand les personnes sont malades, comme les hospitalisations, les traitements à vie, etc…