TV5 JWPlayer Field
Chargement du lecteur...
Partager

Siège de Sarajevo : le jeu trouble de la France

De janvier à juillet 1995, Guillaume Ancel était officier pour l'armée française au sein de la FORPRONU, la mission onusienne chargée notamment de protéger les civils bosniaques à Sarajevo lors du siège de l'armée serbe. Dans "Vent glacial sur Sarajevo" il raconte les ordres étonnants venus de Paris auxquels il doit alors se plier...

C'est un témoignage détonnant. Pendant les 6 premiers mois de l'année 1995, Guillaume Ancel est officier dans l'armée française à Sarajevo et opère donc pour le compte de la FORPRONU, la force de protection de l'ONU chargée alors de protéger les populations civiles prises sous les feux serbes lors du siège de la ville débuté 3 ans plus tôt. Seulement voilà, "chaque fois que nous avons repéré un canon serbe qui tirait sur la ville, nous avons préparé une frappe aérienne, raconte Guillaume Ancel. Et chaque fois, nous avons reçu au dernier moment l’interdiction formelle d’agir contre les Serbes". Cette situation se répètera une centaine de fois en 6 mois estime-t-il. Amer, l'ancien officier précise que "s’interposer dans un siège avec l’interdiction de s’en prendre aux assiégeants, c’était un petit peu difficile".

“Vent glacial” car c’est ce que j’ai ressenti. La mission que nous devions mener n’était pas celle pour laquelle nous étions préparés et nous étions pris au piège.

"Ce n’est pas l’ONU qui nous interdit de faire ça. Ce sont les Français qui verrouillaient la chaîne de commandement des forces de l’ONU. Qui manifestement avaient des ordres aux plus haut de l’Etat et qui avaient pour ordre de ne surtout jamais s’en prendre aux Serbes", constate Guillaume Ancel. "Sans jamais le reconnaître. Nous avons affiché une mission humanitaire qui a servi à camoufler une opération qui a consisté à protéger les agresseurs de la ville".

Pourquoi ce soutien ?

Guillaume Ancel précise que la France n’a jamais expliqué ni reconnu ce soutien aux Serbes. Restent les suppositions. Pour l'ancien officier, l'explication est peut-être politique. En 1995, la France est en cohabitation et c'est la toute fin du second mandat de François Mitterrand. Un président moribond et un gouvernement tétanisé par la présidentielle qui s'annonce. Comme l'année précédente au Rwanda, des décisions désastreuses seront prises.

L'attitude de la France à Sarajevo aura, selon Guillaume Ancel, des conséquences également à Srebrenica :  "comme les Serbes comprennent que l’on n'interviendra jamais contre eux, considère-t-il, ils se lancent dans le massacre de Srebrenica en juillet 1995. On savait en direct ce qui se passait à Srebrenica."