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La clé du succès ? La formation du personnel. "Avant la création de Service Canada, les agents ont reçu une formation d'au moins deux ans", indique l’ancien ministre Rémy Trudel. Une formation, qui plus est, globale. "Un agent du ministère des Affaires autochtones et du Nord Canada, par exemple, est formé pour pouvoir répondre à toutes les demandes qui lui parviennent, pas seulement celles qui concernent son ministère", ajoute l’ex-ministre.
Avant la création de Service Canada, les agents ont reçu une formation d'au moins deux ans.
Rémy Trudel, ancien ministre des relations avec les citoyens du Québec
Autre clé du succès ? Le contact humain. "On peut toujours parler à quelqu’un à Service Canada." Et comme indiqué sur le site Internet, "notre système de réponse vocale interactif vous demandera dans quelle langue officielle vous souhaitez être servi et vous transmettra un bref message. Aucune sélection n’est requise, sauf pour la langue". Autrement dit, pas besoin de répondre à plusieurs questions d’un robot, avant d’avoir accès à un agent, une seule suffit.
Résultat ? Quatorze ans après la mise en place de Service Canada, l’ancien ministre Rémy Trudel n’émet qu’une seule réserve : "le manque de connexions entre Service Canada et les provinces". Une tâche compliquée car il faudrait que "tous les agents soient formés à tous les services des provinces, et des municipalités", observe Rémy Trudel.
Et l'ancien haut-fonctionnaire de prendre l’exemple de l’émigration au Québec. "Pour émigrer dans cette province, il faut d'abord un certificat de sélection du Québec (CSQ). Mais les agents du gouvernement fédéral ne sont pas toujours au courant de cette mesure-là."
"J’ai renouvelé la carte d’assurance maladie de ma fille, très simplement, par la Poste", indique Catherine François, correspondante de TV5MONDE à Montréal. "C’est beaucoup plus simple et efficace ici qu’en France."
J’ai renouvelé la carte d’assurance maladie de ma fille, très simplement, par la Poste.
Catherine François, correspondante de TV5MONDE à Montréal
Service Canada, un exemple pour réconcilier les Français avec les services publics ? Emmanuel Macron déplorait, lors de son discours jeudi 25 avril, le caractère "illisible" des services publics français : "c'est devenu illisible quand ils [les citoyens] ont un problème pour savoir s'il faut aller à la CAF, à Pôle emploi, à la préfecture, à la mairie ou à la Mission locale."
Alors, importer le modèle canadien, est-ce possible ? Pour l’instant, l’exécutif français n’a pas précisé s’il comptait développer un "guichet unique" de "France Service" en ouvrant des bureaux, ou en le développant aussi sur Internet.
Peu de précisions sur les modalités d’application donc, ce qui inquiète la CFDT, le syndicat majoritaire de la fonction publique. "Quel statut pour le personnel de France Service ?", s'interroge Mylène Jacquot, la secrétaire générale de la CFDT Fonctions Publiques, pour qui cette annonce n’en demeure pas moins "une bonne idée". "Mais on ne veut ni renoncer au statut de fonctionnaire pour rejoindre l’agence France Service, ni fermer des bureaux pour en ouvrir d’autres", tempère Mylène Jacquot.
Quel statut pour le personnel de "France Service" ?
Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT Fonctions Publiques
L’association Familles rurales accueille positivement cette annonce. "Nous avions constaté ce sentiment d’abandon des Français depuis longtemps", souligne Jean-Baptiste Baud, responsable des relations institutionnelles de Familles Rurales.
D’après une étude IFOP, commandée par l’association en octobre 2018, "57% des ruraux estiment que leur commune ne bénéficie pas de l’action des pouvoirs publics, contre une moyenne de 36% parmi les Français".
La proposition de créer des guichets uniques partout en France, dans les lieux isolés, "satisfait" Jean-Baptiste Baud, mais "cela ne suffira pas".
"Il faut que cette démarche s’inscrive dans une logique plus globale et audacieuse, (…) et inclue un accompagnement numérique", indique Jean-Baptiste Baud.
57% des ruraux estiment que leur commune ne bénéficie pas de l’action des pouvoirs publics, contre une moyenne de 36% parmi les Français.
Pour pallier ce sentiment d’abandon, "on a commencé à développer ces maisons de service au public", annonçait Emmanuel Macron jeudi 25 avril. Les maisons de service au public existent en France depuis 2015. A l’été 2018, elles étaient 1281, comme indiqué sur le site Internet. Ces institutions regroupent plusieurs services de l’État, et proposent, dans certains cas, d’accompagner les usagers dans leurs démarches administratives.
La volonté de simplifier la relation entre le citoyen et les organismes de l’État, à l’image du Canada, permettrait-elle de mieux protéger les citoyens ? C’est en tout cas ce que pense le président Macron, qui indiquait jeudi : "La simplicité, c'est la vraie protection. La vraie protection, c'est le vrai service au public".