Fil d'Ariane
Robert Fico, le Premier ministre slovaque, a été blessé par balle, le 15 mai, après une réunion de cabinet. Le gouvernement dénonce une "tentative d'assassinat."
Le président du Smer-SD Robert Fico arrive à une conférence de presse au lendemain des élections législatives en Slovaquie le 1er octobre 2023.
Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, se trouve "entre la vie et la mort" après avoir été blessé par plusieurs balles, a indiqué le gouvernement de ce pays d'Europe centrale.
Selon sa page officielle Facebook, Robert Fico a été touché par balle "plusieurs fois". "Il est actuellement acheminé par hélicoptère à Banska Bystrica", une ville du centre de la Slovaquie, a encore précisé le gouvernement dans un communiqué.
L'attaque est intervenue après une réunion de cabinet à Handlova, dans le centre de la Slovaquie, selon le journal Dennik N, dont un reporter a vu le chef de gouvernement emmené dans une voiture par des gardes du corps. Selon le journal, le tireur présumé a été appréhendé par la police. "Aujourd'hui, après une réunion gouvernementale à Handlova, il y a eu une tentative d'assassinat sur le Premier ministre", confirme le gouvernement.
Le parti populiste Smer-Social Démocrate (Smer-SD), dirigé par Robert Fico, a remporté les élections législatives en octobre 2023. Le parti a obtenu 23,3% des voix, devant le parti centriste la Slovaquie progressiste (17%), après le dépouillement de la quasi-totalité des votes.
Né le 15 septembre 1964, Robert Fico a entamé sa carrière politique au sein du parti communiste juste avant que la révolution de velours de 1989 ne balaie le régime de l'ancienne Tchécoslovaquie. En 1999, il quitte le Parti de la gauche démocratique (SDL), héritier politique du parti communiste, pour fonder le Smer-SD. Avocat de profession, parlant couramment l'anglais, il s'est forgé une réputation européenne en tant que représentant de son pays auprès de la Cour européenne des droits de l'Homme à Strasbourg de 1994 à 2000.
Selon le sociologue slovaque Michal Vasecka, Robert Fico admire l'autoritarisme du président russe Vladimir Poutine. L'ex Premier ministre a assuré récemment que "la guerre en Ukraine a commencé en 2014 lorsque des fascistes ukrainiens ont tué des victimes civiles de nationalité russe". De cette manière, il reprend à son compte des affirmations russes non prouvées. "Sa relation avec la Russie est historiquement déterminée par la devise socialiste ‘Avec l'Union soviétique pour l'éternité'", ajoute Michal Vasecka dans un livre qu'il lui a consacré.
Au cours de sa campagne électorale, Robert Fico, âgé de 59 ans, a juré que la Slovaquie n’enverrait pas “une seule munition” à l’Ukraine. Il a également appelé à de meilleures relations avec la Russie. Il réfute toutefois les qualificatifs de “populiste” et “démagogue”. "Nous pensons que l'Ukraine est une immense tragédie pour tous. Si le Smer est chargé de former un cabinet (...), nous ferons de notre mieux pour organiser des pourparlers de paix dès que possible", déclare-t-il aux journalistes.
S’il condamne l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il reprend la thèse selon laquelle le Kremlin se défend d’une agression plus large de la part de l’Otan. Il est partisan de la mise en place de négociations et estime que l’Union européenne alimente l’escalade du conflit à travers ses livraisons d’armes en hausse.
Pour gouverner, Robert Fico envisage de créer une alliance avec le parti d’extrême droite Republika et les nationalistes du Parti national slovaque (SNS). Un tel coalition serait bien accueilli par le voisin hongrois dirigé par Viktor Orban, un nationaliste ultra-conservateur. Ce dernier est à la recherche d’alliés au Conseil européen pour bloquer les décisions contre la Russie.
En 2006, alors qu’il se retrouve propulsé au poste de Premier ministre après la victoire écrasante du Smer-SD au Parlement, il monte une coalition avec le SNS. Ce parti partage sa rhétorique anti-réfugiés et ses penchants populistes.
Au cours de la crise migratoire en Europe en 2015, Robert Fico a adopté une position ferme à l'égard des migrants. Il a refusé de "donner naissance à une communauté musulmane distincte en Slovaquie" et a critiqué le programme européen de quotas visant à redistribuer les réfugiés. Le Smer-SD a remporté les élections de 2016, mais le dernier mandat de M. Fico à la tête du gouvernement s'est achevé deux ans plus tard, après le meurtre du journaliste Jan Kuciak et de sa fiancée. Ce crime a déclenché une vague de protestations antigouvernementales dans toute la Slovaquie, Jan Kuciak ayant dénoncé les liens entre la mafia italienne et le gouvernement Fico dans son dernier article publié à titre posthume.