Fil d'Ariane
La mise en scène a de quoi frapper. Des liasses de billets sous bonne garde. Un homme en costume, il semble en colère. C'est le Premier ministre slovaque Robert Fico.
Il a une annonce publique à faire devant les journalistes : "Mesdames et messieurs, il y a un million d'euros devant moi. Ce montant est destiné à la personne courageuse qui se présentera à la police avec des informations sur le crime qui vient d'avoir lieu."
Une prime pour le meurtre du journaliste d'investigation, Jan Kuciak, abattu avec sa compagne, de plusieurs balles entre jeudi et dimanche dernier. Depuis, tout le pays est ébranlé par l'affaire.
Les Slovaques ne veulent pas y croire. "Je suis sous le choc. Je n'ai aucune illusion en ce qui concerne la démocratie. Mon mari et moi, nous étions sur cette place en 1989 pendant la Révolution de velours dès le premier jour. Alors cet assassinat, trente ans plus tard...", s'inquiète Erika Mikleová.
Magdaléna Sočanská, une jeune slovaque, s'indigne : "Nous pensions vivre dans un pays démocratique et maintenant, nous voyons des jeunes mourir pour la vérité et les problèmes restent irrésolus."
Et parmi les problèmes, la corruption notamment, devenue la spécialité de Jan Kuciak. Très probablement ce qui lui a valu d'être "supprimé", admet le chef de la police.
Précisément, Aktuality le journal en ligne pour lequel travaillait Jan Kuciak, publie - bandeau noir en "une" - son dernier article inachevé.
"Mafia italienne en Slovaquie", c'est le titre. La Slovaquie est sa "deuxième maison", écrit le journaliste. Elle recoit des subventions, des fonds européens. Ses relations s'étendent juqu'au bureau du Premier ministre.
Arpád Soltész, journaliste pour TV JOJ et ancien collègue de Ján Kuciak, accuse : "Les politiques au pouvoir partagent la responsabilité de l'assassinat de Jan. Il suffit d'entendre le Premier ministre Robert Fico traiter les journalistes de prostituées et de hyènes..."
Ce n'est pas le seul parallèle avec l'assassinat en octobre dernier de la journaliste Daphne Caruana Galizia à Malte.
Elle aussi enquêtait sur la corruption, la N'drangetha et les liens avec le gouvernement maltais.
>>>> Pour aller plus loin :
http://information.tv5monde.com/terriennes/daphne-caruana-galizia-femme-...