Soldats ivoiriens détenus au Mali : la junte veut "une contrepartie"

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49 soldats ivoiriens ont été interpellés à Bamako le 10 juillet 2022. Trois personnes ont été relachées, mais la junte malienne réclame des "contreparties" pour libérer les 46 soldats restants. 
AP
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La junte au pouvoir au Mali a ouvertement lié la libération de 46 soldats ivoiriens, détenus depuis deux mois à Bamako, à l'extradition de personnalités maliennes vivant en Côte d'Ivoire. Un jeu d'échange complexe entre deux pays aux relations de plus en plus tendues. 

Les autorités maliennes insistaient jusqu'à présent publiquement sur un traitement "judiciaire" du dossier des soldats ivoiriens retenus au Mali. Mais le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, évoque désormais une nécessaire "contrepartie", confirmant des informations selon lesquelles l'extradition de personnalités maliennes faisait partie de la discussion sur le sort des soldats ivoiriens.

(Re)lire : Côte d’Ivoire : les négociations pour la libération des soldats emprisonnés au Mali “se poursuivent”

Au "moment où la Côte d’Ivoire demande la libération de ses soldats, elle continue de servir d’asile politique pour certaines personnalités maliennes faisant l’objet de mandats d’arrêt internationaux émis par la justice", a dit le colonel Goïta lors d'une rencontre avec le ministre nigérian des Affaires étrangères, Geoffrey Onyeama, vendredi. "Ces mêmes personnalités bénéficient de la protection de la Côte d’Ivoire pour déstabiliser le Mali. D’où la nécessité d’une solution durable à l’opposé d’une solution à sens unique qui consisterait à accéder à la demande ivoirienne sans contrepartie pour le Mali", a-t-il dit.

Parmi les personnalités visés par la junte, on compte notamment Karim Keïta, le fils de l'ancien président Ibrahim Boubacar Keïta renversé par les colonels en 2020, et Tiéman Hubert Coulibaly, ministre de la Défense et des Affaires étrangères sous M. Keïta.

(Re)lire : le parcours politique d'Ibrahim Boubacar Keïta

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Un voisinage difficile

Le Mali, confronté depuis 2012 à des attaques jihadistes est plongé dans une profonde crise sécuritaire et politique - qui va au delà des frontières. Les relations entre le Mali et son voisin ivoirien se sont dégradées depuis que des colonels ont pris la tête du pays par la force en août 2020. 

Elles se sont encore détériorées avec l'interpellation de 49 soldats ivoiriens à leur arrivée à Bamako, le 10 juillet 2022. Les 49 soldats devaient, selon Abidjan et l'ONU, participer à la sécurité du contingent allemand des Casques Bleus au Mali. Mais Bamako a présenté les Ivoiriens comme des mercenaires. La junte est elle-même accusée par un certain nombre de pays occidentaux de s'être assuré les services de mercenaires russes. Trois soldates ont récemment été libérées, mais 46 autres militaires restent en détention. 

(Re)voir : Mali : trois soldates ivoiriennes libérées

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Le nouveau Premier ministre malien par intérim, le colonel Abdoulaye Maïga, a assuré vendredi soir sur la télévision d'Etat que le dossier était "éminemment judiciaire". Mais il a lui aussi évoqué la situation de compatriotes visés par des mandats d'arrêts et vivant en Côte d'Ivoire, qui utilisent cette dernière "comme terrain en vue d'attaquer ou de perturber la transition", la période censée précéder et préparer le retour des civils au pouvoir à Bamako.

L'affaire fait l'objet d'une médiation togolaise. La présidence malienne écrit dans son communiqué que "le Nigeria souhaite jouer sa partition dans la libération du reste des soldats", et "estime qu’il est temps de trouver une solution définitive à cette crise".