Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres est en déplacement en Somalie. Lors d’un discours mardi 11 avril, il a "sonné l'alarme" et appelé à une mobilisation internationale "massive" en faveur de ce pays. Situé dans la Corne de l'Afrique, il combat la double menace d'une sécheresse historique et d'une insurrection islamiste.
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La combinaison du terrorisme et de la sécheresse, causée en grande partie par le changement climatique, crée les conditions parfaites (d'une crise) et nécessite un soutien massif de la communauté internationale", a affirmé Antonio Guterres mardi 11 avril dans l’après-midi depuis la ville de Baidoa (sud-ouest).
Le chef de l'ONU s'est rendu dans un camp de déplacés qui accueille les victimes de la sécheresse dans cette régions parmi les plus durement touchées par la faim, qui est également un bastion des islamistes shebab.
À son arrivée mardi matin dans la capitale Mogadiscio pour cette "
visite de solidarité", il a expliqué être venu "
sonner l'alarme" sur la situation du pays auprès de la communauté internationale. Le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud a salué cette visite, qui selon lui "
témoigne que les Nations unies sont pleinement engagées à soutenir nos plans de construction de l'État et de stabilisation du pays".
Sécheresse et famine historiques
Antonio Guterres s'était déjà rendu en Somalie en mars 2017. Ce nouveau déplacement intervient alors que le pays fait face à une sécheresse désastreuse, la pire depuis au moins quatre décennies. Cinq saisons des pluies avortées consécutives dans certaines parties de la Somalie, ainsi qu'au Kenya et en Ethiopie, ont anéanti bétail et cultures et forcé au moins 1,7 million de personnes à quitter leur foyer en quête d'eau et de nourriture.
Bien que les Somaliens ne contribuent pratiquement pas au changement climatique (...) ils sont parmi les plus grandes victimes.
Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU.
Environ la moitié de la population somalienne aura besoin d'aide humanitaire cette année, avec 8,3 millions de personnes touchées par la sécheresse, estime l'ONU. Selon une étude publiée en mars par le ministère somalien de la Santé, l'Organisation mondiale de la Santé et l'Unicef, entre 18.100 et 34.200 personnes pourraient mourir des conséquences de la sécheresse durant les six premiers mois de cette année.
La Somalie a également été frappée en 2011 par une famine qui a causé la mort de 260.000 personnes, dont plus de la moitié d'enfants de moins de six ans. En 2017, une nouvelle catastrophe avait été évitée grâce à la mobilisation rapide de la communauté internationale. "
Bien que les Somaliens ne contribuent pratiquement pas au changement climatique (...) ils sont parmi les plus grandes victimes", a souligné M. Guterres.
Qui sont les shebab ?
- Revenu au pouvoir en mai 2022, Hassan Cheikh Mohamoud a déclaré une "guerre totale" aux shebab.
- Ce groupe terroriste est affilié à Al-Qaïda et mène depuis 2007 une insurrection sanglante contre le gouvernement soutenu par la communauté internationale.
- En septembre 2022, une vaste opération militaire a été lancée par le gouvernement pour lutter contre les shebab. L'exécutif somalien a affirmé fin mars que plus de 3.000 combattants shebab avaient été tués depuis le début de l'offensive.
Une communauté internationale “distraite”
L'ONU a lancé un appel pour une aide humanitaire de 2,6 milliards de dollars pour la Somalie, qui n'est financé qu'à hauteur de 15%. "
La communauté internationale a été distraite par rapport au drame du peuple somalien", a-t-il déploré. Le chef de l'ONU et le président somalien ont également "
discuté des efforts précieux du gouvernement pour lutter contre le terrorisme et faire progresser la paix et la sécurité pour tous", a-t-il souligné.
Le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud a envoyé en septembre des troupes pour soutenir des milices claniques locales qui s'étaient soulevées contre les shebab dans le centre du pays. Ces derniers mois, l'armée et ces milices connues sous le nom de "
macawisley" ont repris aux shebab de larges pans de territoire, dans une opération appuyée par la force de l'Union africaine en Somalie (Atmis) et des frappes aériennes américaines. Et selon le ministère de l'Information, 70 villes et villages ont été "
libérés". Ces informations sont impossible à vérifier de manière indépendante.
Malgré ces revers, les shebab ont régulièrement mené des attentats meurtriers, soulignant leur capacité à frapper au coeur des villes et des installations militaires somaliennes des cibles civiles, politiques et militaires malgré les avancées du gouvernement. Dans un rapport au Conseil de sécurité de l'ONU en février, Antonio Guterres avait affirmé que 2022 avait été l'année la plus meurtrière pour les civils en Somalie depuis 2017, en grande partie à cause des attaques des shebab.