Fil d'Ariane
Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a annoncé mardi plusieurs milliards de dollars d'aide et de soutien à l'investissement pour l'Afrique, au moment où la Corée du Sud cherche à renforcer ses relations commerciales avec le continent et son approvisionnement en minerais critiques.
Le sommet Corée du Sud - Afrique à Séoul, 4 juin 2024.
Séoul accueille cette semaine des délégations de 48 pays africains pour un important sommet grâce auquel Séoul souhaite conclure des accords allant de l'approvisionnement en minerais critiques aux projets d'infrastructures.
A l'ouverture du sommet, le président sud-coréen Yoon Suk Yeol s'est engagé à ce que la Corée du Sud double son aide publique au développement en faveur de l'Afrique pour atteindre 10 milliards de dollars d'ici à 2030. La Corée veut collaborer avec le continent africain pour avoir accès à ses abondantes ressources minérales, comme le cobalt ou le platine, importantes pour des secteurs technologiques allant de la fabrication de véhicules électriques à l'industrie de la défense.
Le Dialogue sur les minerais critiques lancé par la Corée du Sud et l'Afrique ont donnera l'exemple d'une chaîne d'approvisionnement stable
Yoon Suk-yeol, président sud-coréen
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Avec son secteur des semi-conducteurs de pointe, la Corée du Sud "est une puissance manufacturière de haute technologie, mais dépend fortement des importations pour plus de 95% de ses besoins en minéraux bruts", avait indiqué M. Yoon à l'AFP dans des déclarations écrites fournies par la présidence.
«Le Dialogue sur les minerais critiques lancé par la Corée du Sud et l'Afrique ont donnera l'exemple d'une chaîne d'approvisionnement stable grâce à une coopération mutuellement bénéfique et contribuera au développement durable des ressources minérales dans le monde», a déclaré Yoon dans son discours de clôture.
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Sommet Corée du Sud - Afrique
Des représentants de 48 pays africains, dont 25 chefs d'Etat selon le président Yoon, participent au sommet de deux jours en Corée du Sud, où les discussions devraient se concentrer sur le commerce et les investissements.
Le commerce avec les pays africains représente actuellement moins de 2 % du total des importations et des exportations de la Corée du Sud.
Un partenariat avec l'Afrique, qui possède 30 % des réserves mondiales de minéraux essentiels, notamment le chrome, le cobalt et le manganèse, est crucial, a déclaré le bureau du président Yoon.
Par ailleurs, Séoul s'engage à fournir 14 milliards de dollars de financements à l'exportation pour aider les entreprises coréennes à développer leurs échanges commerciaux et leurs investissements sur le continent.
"Nous contribuerons également activement aux efforts d'intégration économique régionale de l'Afrique par le biais de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui a été lancée en 2019", a déclaré M. Yoon.
La ZLECAf, est un accord de libre-échange rassemblant 54 pays africains, visant à harmoniser les tarifs douaniers sur tout le continent et qui entre progressivement en vigueur avec l'espoir de stimuler doper le commerce intra-africain.
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La coopération Corée du Sud - Afrique
Mercredi, les chefs d'entreprise sud-coréens organiseront un sommet commercial axé sur l'investissement, le développement industriel et la sécurité alimentaire.
Le volume annuel des échanges commerciaux s'élèvent à 20,25 milliards de dollars en 2022 contre 890 millions en 1988
Le montant annuel des investissements Corée du Sud - Afrique s'élève à 700 millions de dollars en 2019 contre 63 millions en 1988.
M. Yoon s'est également engagé à "accélérer la conclusion d'accords" sur de nombreux autres partenariats commerciaux.
La Corée du Sud est désireuse d'étendre sa coopération en matière d'infrastructures et d'énergie avec les pays africains mais veut aussi contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique, a indiqué M. Yoon.
Il a cité notamment des projets tels que la centrale géothermique d'Olkaria au Kenya et la construction du système de stockage d'énergie par batterie en Afrique du Sud.
M. Yoon avait indiqué plus tôt à l'AFP qu'il existait "une myriade de projets viables pour lesquels la Corée et l'Afrique peuvent collaborer dans tout le secteur des infrastructures".
Cela pourrait inclure "la construction de routes, de chemins de fer, d'aéroports et de ports, des systèmes de villes intelligentes, y compris des transports intelligents, et l'établissement de plans directeurs", avait-il ajouté.
La Corée du Sud, un modèle de développement pour l'Afrique ?
Park Jong-dae, ancien ambassadeur sud-coréen en Afrique du Sud et en Ouganda, a affirmé que les modèles de développement occidentaux et chinois avaient échoué aux pays africains et que la Corée du Sud offrait une voie alternative intéressante.
"L'essence du modèle coréen de coopération au développement est le développement humain et la gestion plutôt que la fourniture d'une assistance en soi", a-t-il déclaré.
"La Corée a l'expérience et le savoir-faire en matière de développement... tandis que de nombreux pays africains ont d'immenses possibilités de développement basées sur des ressources et des dotations encore inexploitées et inexploitées et sur une jeune population dynamique", a-t-il déclaré.
Le président de l'UA et président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani, lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue sud-coréen Yoon Suk-yeol, a déclaré que les pays africains cherchaient à tirer les leçons de l'expérience coréenne en matière de développement des ressources humaines, d'industrialisation et de transformation numérique.